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23 juin: Mazda devient le premier constructeur automobile japonais à gagner les 24 Heures du Mans en 1991

23 juin: Mazda devient le premier constructeur automobile japonais à gagner les 24 Heures du Mans en 1991

Lundi 23 juin 2025 par René Fagnan
Crédit photo: Mazda Press

Crédit photo: Mazda Press

Affrontant des écuries officielles de constructeurs automobiles majeurs comme Porsche, Peugeot, Mercedes-Benz et Jaguar, Mazda ne semblait posséder aucune chance de remporter la victoire aux 24 Heures du Mans en 1991. Et pourtant !

Mazda et son fameux moteur à pistons rotatifs s’est essayé pour la première fois au Mans en 1970. En 1983, Mazda a engagé des prototypes 717C dans la catégorie Groupe C Junior. Puis est arrivée la 757 qui a signé trois victoires dans la classe IMSA GTP.

En 1991, la FIA change le règlement technique de l’Endurance. La catégorie Groupe C disparaît au profit de celle nommée Sport 3.5 ; c’est-à-dire des sortes de monoplaces de Formule 1 carrossées et propulsées par des moteurs de 3,5 litres, souvent issus de la F1.

La structure technique Mazdaspeed, dirigée par Takayoshi Ohashi et Takaharu Kobayakawa et qui représente Mazda en Endurance, conçoit le modèle 787B qui est propulsé par le moteur R26B à quatre pistons rotatifs d’une cylindrée de 2,6 litres. Puisque la FIA va interdire ces moteurs rotatifs de compétition dès l’année suivante, Mazda sait qu’il s’agit de sa dernière chance de gagner Le Mans.

Deux Mazda 787B sont inscrites à l’édition de 1991 : la No. 55 pour Johnny Herbert, Volker Weidler et Bertrand Gachot, et la No. 18 pour David Kennedy, Stefan Johansson et Maurizio Sandro Sala. Takayoshi Ohashi réussit à faire accepter par la FIA que ses voitures roulent en configuration standard, donc un peu plus légères que les autres bolides.

Le départ de la course de 24 heures est donné et les Peugeot 905 V10 dominent d'abord la compétition. Mais après quelques tours de piste, c’est la catastrophe pour la marque au lion. La 905 de Jean-Pierre Jabouille, Philippe Alliot et Mauro Baldi casse son moteur après seulement 22 boucles et l’autre 905 de Keke Rosberg, Yannick Dalmas et Pierre-Henri Raphanel détruit sa tringlerie de boite de vitesses après 68 tours. À la tombée de la nuit, Mercedes place ses trois C11 à moteur V8 turbo aux trois premières positions. Pendant ce temps, les Mazda, discrètes et qui ne souffrent d’aucun pépin mécanique, remontent au classement.

Surprises matinales

Le matin du dimanche 23 juin, la Mercedes No. 32 explose son moteur. La Mazda No. 55 gagne encore quelques places et occupe la seconde position alors qu’il ne reste que trois heures à l’épreuve.

Après avoir mené la course pendant 255 tours, la Mercedes No. 1 de Jean-Louis Schlesser, Jochen Mass et Alain Ferté souffre d’une surchauffe majeure de son V8 et abandonne. Incroyable : la Mazda No. 55 est maintenant en tête de la course !

Dans les puits, Ohashi ne veut pas risquer le risque d’un arrêt supplémentaire et un autre changement de pilote. Il demande donc à Johnny Herbert de rester au volant. Le Britannique effectue donc trois relais de suite, ce qui l’épuise et le déshydrate complètement.

La Mazda 787B au son si distinctif et haut perché remporte la victoire au terme de 362 tours de piste devant trois Jaguar XJR-12 à moteurs V12 atmosphériques de 7,4 litres. L’autre Mazda 787B se classe à une belle sixième place avec sept tours de retard.

Mazda devient le premier constructeur automobile japonais à gagner les 24 Heures du Mans et est le premier à imposer le moteur rotatif à cette course mythique.

À peine s’est-il extirpé du cockpit de la Mazda que Herbert tombe dans les pommes. Il est drainé physiquement et est conduit au centre médical du circuit. Il rate donc la cérémonie du podium. Seuls Gachot et Weidler soulèvent le trophée de la victoire et apparaissent sur les photos.

Sur le site web de Mazda, Johnny Herbert, qui a par la suite remporté trois victoires en F1 et terminé trois fois deuxième au Mans, a déclaré à propos de la 787B que la Mazda était plus facile à piloter qu’une F1, que le cockpit était magnifiquement aménagé et confortable, que le moteur était fantastique, d’une douceur incroyable et très fiable. Il souligne aussi que la boîte de vitesses était la plus lente au monde, mais qu’elle était conçue pour encaisser un stress de 24 heures.