Analyste pour les réseaux européens Canal + (France) et Sky Sports (Grande-Bretagne), Jacques Villeneuve demeure un personnage qui ne mâche pas ses mots. Parfois même ses déclarations sont quelque peu déroutantes. S’exprimant juste avant le Grand Prix du Canada ce week-end auprès des responsables du site de paris en ligne BetVictor Casino, il a abordé les sujets de Lance Stroll, de la ville de Montréal et du Grand prix, ou encore de l’accrochage Verstappen-Russell au Grand Prix d’Espagne il y a deux semaines. Ses commentaires sont une fois de plus sans concessions...
À propos de la rumeur voulant que Lance Stroll (qui sera finalement en piste ce week-end) se soit blessé dans un geste de colère au terme de la qualification à Barcelone, Jacques Villeneuve répond : « Je n'ai pas vu l'incident, il est donc difficile de faire un commentaire. Mais où est la pression ? Pourquoi devrait-il s'en soucier ? Ce n'est pas comme si son siège était menacé. Son père est propriétaire de l'équipe. Mais à un moment donné, vous êtes frustré par le manque de forme actuel de l'équipe. Alors, qui sait ce qui s'est passé en Espagne ? Il y a peut-être eu d'autres choses dont nous ne sommes pas conscients et qui n'ont rien à voir avec ses temps au tour. C'est très facile à juger. Nous ne savons pas ce qui se passe ».
Le champion du monde 1997 ajoute à ce sujet : « Il n'y a pas de pression sur Lance, mais à un moment donné, les commentaires des gens vous parviennent à l'oreille, et cela devient frustrant et agaçant, et les commentaires ne sont pas nécessairement très positifs. Donc, tout être humain commence à être affecté à un moment ou à un autre ».
Concernant le Grand Prix du Canada 2024, si plusieurs ont pointé les dysfonctionnements de l’organisation, il ne faut pas oublier que les ratés de la Ville de Montréal ont été les plus honteux. À ce sujet, Villeneuve indique : « C'est un Grand Prix où il est agréable de travailler parce qu'il n'est pas loin de la ville et qu'il y a une bonne énergie. La course est amusante à commenter normalement. Quand vous n'êtes pas dans la voiture de course, c'est assez amusant ! Je ne dirais pas que c'est ma course préférée ». Il précise : « L'organisation de l'année dernière a été mentionnée. C'était embarrassant. Le lundi suivant la course, Montréal ressemblait à une ville fantôme. Abandonnée. C'était horrible. Cela fait mal de la voir dans un tel état ».
L’an prochain, le GP du Canada et l’Indy 500 auront lieu le même jour et sensiblement aux mêmes heures. Alors que la popularité des 500 milles d’Indianapolis est revenue au sommet, avec près de 400 000 billets vendus cette année, tout indique que c’est l’événement montréalais qui pâtira de la situation. Mais étonnamment, Jacques Villeneuve voit cela autrement : « Ce n'est pas une bonne chose, car lorsque Monaco était en conflit avec l'Indy 500, les horaires de télévision étaient complètement différents d'un continent à l'autre. En 2026, les deux courses se chevaucheront, ce qui n'est pas la meilleure chose à faire pour l'IndyCar. Mais c'est ainsi. La F1 s'occupe d'abord et avant tout d'elle-même. La Formule 1 se porte très bien. Je ne dis pas que le fait d'organiser la course le même week-end que l'Indy 500 ne nuira pas à la F1, mais ce n'est pas bon pour l'IndyCar ».
Le duel pour le titre mondial 2025 se résumera sans doute à un duel entre les pilotes McLaren. Alors qu’Oscar Piastri mène présentement au pointage, Villeneuve est plus nuancé et voit Norris succéder à Max Verstappen au palmarès : « Mon choix pour le championnat des pilotes se porterait un peu plus sur Lando Norris que sur Oscar Piastri. Lando a toujours l'avantage de la vitesse. Il n'y a pas non plus la pression de Max Verstappen qui se retrouve au milieu de la bagarre en ce moment. Même si j'ai toujours l'impression que Norris est légèrement plus rapide, Piastri ne se laisse pas distraire, ne s'implique pas émotionnellement et ne doute pas. Il est plus froid émotionnellement et cela semble porter ses fruits ».
Quant à l’incident du dernier GP d’Espagne entre Verstappen et Russell, il est vu bien différemment par Jacques que par la plupart des observateurs, y compris les officiels de la F1 qui ont pénalisé le pilote Red Bull après la course : « Il n'y a pas eu de préméditation de la part de Max Verstappen. C'est arrivé en un instant et il a essayé de récupérer sa position et s'est complètement trompé, il a juste fait un énorme gâchis. Cela a donné l'impression que c'était pire et tout de suite les gens ont dit qu'il l'avait fait exprès, qu'il voulait le sortir ».
Pour Villeneuve, c’est même Russell qui méritait une pénalité : « Il a frappé Max sur la roue arrière dans le premier virage, ce qui, selon le règlement, signifie forcer une collision et obliger un autre pilote à sortir de la piste. Alors pourquoi n'a-t-il pas été sanctionné pour cela ? Si vous avez un ensemble de règles, vous devez les appliquer tout le temps et à tout le monde. Russell méritait une pénalité ».
« Verstappen saura gérer la pression après ce qui s'est passé en Espagne » souligne Jacques, qui conclue à ce sujet ; « Je ne suis pas sûr du moment où il pourra récupérer des points. Cela va changer sa façon d'aborder une course. Il le faut, car vous ne conduisez pas avec la même liberté si vous allez recevoir une interdiction de course. C'est un système étrange. Vous pouvez être méchant et agressif jusqu'à ce que vous obteniez trop de points ! Je ne sais pas si j'aime ce système, mais il va le mettre sous pression et normalement il n'a pas de problème avec la pression, donc ça ne devrait pas être un problème. Mais cela changera un peu son approche parce que parfois, comme nous l'avons vu au fil des ans, c'est le mauvais gars qui obtient la pénalité. Vous pouvez donc être dans votre bon droit et recevoir un point de pénalité et être disqualifié pour une course. C'est ce qui peut être très frustrant ».
Verstappen sait qu'il doit se montrer agressif pour espérer gagner des courses face aux McLaren, et cela peut conduire à des erreurs. Jacques Villeneuve confirme : « Il a perdu beaucoup de points avec cette pénalité, en terminant dixième, donc c'est comme un abandon, ce n'est qu'un point. Il sait qu'il n'a pas la meilleure voiture. Pour obtenir des résultats, il doit être à la limite beaucoup plus que les autres pilotes. À un moment donné, cela se traduit par des erreurs ou des fautes d'appréciation, et cela rend sa lutte pour le championnat beaucoup plus difficile ».
Enfin, le Québécois aborde le cas de Lewis Hamilton, qui est dans une situation difficile chez Ferrari cette saison. « Il doute de lui-même ! Ce n'est pas une situation heureuse pour Lewis Hamilton. C'est difficile à comprendre parce qu'il a montré sa vitesse mais il n'est pas constant. Même quand il parle, il ne semble pas plein d'énergie. C'est difficile à voir de la part d'un champion comme Lewis. Ferrari n'est pas un endroit facile à vivre. C'est une équipe où vous recevez tellement d'attention que lorsque vous ne gagnez pas, le poids en est décuplé » explique Jacques, qui termine : « C'est à Ferrari de renverser la vapeur; cela fait des années que l'on dit que les choses vont s'améliorer chez eux. Ferrari doit s'efforcer de s'améliorer, parce que pour l'instant, ce n'est pas suffisant. Et si les deux pilotes ne travaillent pas de la même manière, cela rend les choses un peu plus difficiles. Nous entendons à chaque course que les choses vont s'améliorer ! J'ai donc cessé d'écouter tout ce qui est censé arriver sur un circuit. C'est rarement le cas. Cela fait des années que cela dure, des années et des années que cette situation perdure et ils n'ont pas encore trouvé la solution. Je ne pense donc pas que la réponse se trouve dans ce qui existe déjà ».
Jacques Villeneuve parle de l'état de la ville de Montréal, la pénalité de Verstappen, de Stroll et d'Hamilton...
Jeudi 12 juin 2025 par Julie Bouchard
Crédit photo: Galeron