Grand ami, mais aussi rival du légendaire pilote québécois Gilles Villeneuve, le Français René Arnoux a remporté le Grand Prix du Canada en 1983, permettant ainsi à la marque italienne de renouer avec le succès à Montréal pour la première fois depuis 1978 et la fameuse première victoire de Villeneuve.
En cette saison 1983, la lutte au championnat du monde des conducteurs oppose essentiellement Alain Prost de Renault et Nelson Piquet de l’écurie Brabham-BMW. Avant l’épreuve canadienne, Prost avait décroché deux victoires et une deuxième place tandis que Piquet avait gagné une fois et terminé deuxième à deux reprises.
Puis suivent au classement général les deux Français de la Scuderia Ferrari, René Arnoux et Patrick Tambay. Arnoux a deux troisièmes places tandis que Tambay a gagné à Saint-Marin et terminé deuxième en Belgique. Ferrari met une pression énorme sur ses pilotes, car à cause de la montée en puissance du jeune prodige italien Michele Alboreto, un des deux devra forcément quitter l’écurie en fin d’année. Avec sa populaire victoire à Imola, Tambay semble disposer d’un avantage. Arnoux sait donc qu’il doit absolument briller à Montréal.
Avec ses lignes droites, le circuit Gilles-Villeneuve est un terrain de jeu idéal pour les voitures à moteurs turbo. Arnoux réalise la pole position en 1’28”729 à bord de sa Ferrari 126 C2B. Prost, sur une Renault RE40, est deuxième avec un petit dixième de seconde de retard. Suivent ensuite Piquet (Brabham BT52), Tambay, Riccardo Patrese (Brabham), Eddie Cheever (Renault), Manfred Winkelhock (ATS D6-BMW), Andrea de Cesaris (Alfa Romeo 183T) et Keke Rosberg (Williams FW08C-Cosworth), premier des concurrents qui disposent de moteurs atmosphériques, avec 2”7 de retard sur Arnoux.
Jacques Villeneuve, le frère de Gilles, a tenté de qualifier un camion, oups désolé, une RAM March-Cosworth, mais il échoue par seulement quatre dixièmes de seconde.
Quelques moments chauds avant le départ
Il y a un peu de panique dans le clan Ferrari à l’issue de la séance de réchauffement. Le moteur V6 de la Ferrari d’Arnoux fait des siennes et on décide de le changer pour la course de 70 tours. Les mécanos italiens réalisent le travail en un temps record sous un soleil de plomb.
Un autre drame survient quand une panne électrique rend inutilisable le système de chronométrage. La réparation retarde la procédure de départ de 40 minutes.
Au feu vert, Arnoux exécute un démarrage parfait et dispose d’un net avantage au premier virage. Patrese saute de la cinquième à la troisième place derrière Prost. Devant, Arnoux se sauve tandis que Patrese et Piquet doublent Prost. Piquet, alors troisième, abandonne à la suite du bris du câble d’accélérateur.
Tambay a des ennuis de moteur. Son V6 hoquète parfois à cause d’un problème de vaporisation d’essence causé par la forte chaleur. Mauro Forghieri, le directeur technique de Ferrari est au courant de ce soucis et a fait installer une valve dans le cockpit afin de purger le système d’alimentation.
Comme ses rivaux, Arnoux effectue son ravitaillement en pneus et en carburant et au 50e tour, il mène devant Cheever, Tambay et Patrese. Aussi incroyable que cela puisse paraître aujourd’hui, 14 concurrents ont déjà abandonné à ce moment-là, soit 50% des partants !
Si Arnoux mène avec une confortable avance sur le reste du peloton, c’est la déception pour Patrese qui abandonne au 56e passage à cause du bris de sa transmission. Quant à Tambay, son V6 souffre encore de problèmes d’alimentation qui lui font perdre du temps sur Cheever. Heureusement pour lui, son plus proche rival est Rosberg qui se bat au volant de sa Williams atmosphérique, trop lente sur les lignes droites.
Arnoux croise l’arrivé en vainqueur avec une avance de 42 secondes sur Cheever et 52 sur Tambay. Rosberg s’illustre avec sa quatrième place au volant d'une monoplace à moteur atmosphérique Cosworth manquant de puissance, d’autant qu’il termine devant Prost qui accuse un tour de retard.
Le public est comblé par cette victoire d’Arnoux et la troisième place de Tambay, tous deux des grands amis de Gilles Villeneuve.
En fin de saison, c'est pourtant Patrick Tambay qui est forcé de quitter Ferrari. Il est remplacé par Michele Alboreto qui devient le nouveau coéquipier de René Arnoux.
12 juin : René Arnoux sur Ferrari décroche une victoire populaire au GP Canada à Montréal en 1983
Jeudi 12 juin 2025 par René Fagnan
Crédit photo: René Fagnan