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Rétro 1980 : Grave accident pour Jean-Pierre Jabouille et le GP du Canada n’est pas arrêté !

Rétro 1980 : Grave accident pour Jean-Pierre Jabouille et le GP du Canada n’est pas arrêté !

Jeudi 5 octobre 2023 par René Fagnan
Crédit photo: YouTube

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Le Grand Prix du Canada de 1980 a été marqué par deux accidents spectaculaires. Le deuxième, survenu au 26e tour, a grièvement blessé Jean-Pierre Jabouille aux jambes.

Ce Grand Prix, qui a eu lieu le 28 septembre 1980, a d’abord vu plusieurs voitures s’encastrer les unes dans les autres dès le premier virage après que les deux pilotes qui occupaient la première ligne de départ, Alan Jones sur une Williams et Nelson Piquet à bord d’une Brabham, se soient touchés, créant une incroyable panique derrière eux.

Un nouveau départ est donné et la course se déroule rondement jusqu’au 26e passage des voitures. Le pilote français Jean-Pierre Jabouille, qui conduit une Renault RE23 turbo, occupe alors le neuvième rang derrière la Ferrari 312 T5 de Gilles Villeneuve. Alors qu’il commence à freiner pour négocier la chicane qui suit l’actuel virage Senna, la voiture ne répond pas et elle tire tout droit et se fracasse à haute vitesse contre une pile de pneus pas attachés les uns aux autres et le rail de sécurité, très solide.

Les commissaires de piste, un peu paniqués, se précipitent auprès de la Renault et déchirent frénétiquement les morceaux de la carrosserie. Ils constatent rapidement que la coque en aluminium est pliée et que Jabouille, en douleur, ne peut s’extraire du cockpit.

Pas de drapeau rouge !

L’équipe médicale arrive sur place avec les sauveteurs. Mais la course n’est pas arrêtée au drapeau rouge. Ainsi, durant plus de 30 minutes, les autres bolides roulent tout près de l’épave de la Renault, des médecins et ambulanciers. Une autre sortie de piste à cet endroit aurait eu des conséquences dramatiques…

Jabouille raconte ce qui s’est passé. « C’était un accident à la con. Pendant les essais, sur le mouillé, Nelson Piquet [sur une Brabham] a commis une erreur, s’est raté au freinage du virage en épingle et m’a percuté. Le lendemain, quelque chose a cassé. Je suis arrivé au freinage pour un virage à droite et j’ai senti la voiture aller à gauche. J’ai tapé le rail de face et le plancher de la voiture a cassé et la coque s’est repliée. J’avais les jambes au niveau de mes épaules ».

Malgré la douleur intense, le pilote refuse les piqûres de morphine, car selon lui, cela aurait aggravé ses blessures, car c’est lui, conscient, qui guide le travail des secouristes.

Dans une interview accordée au magazine britannique Motorsport, Jabouille révèle un fait troublant. « Après le choc survenu samedi, les mécaniciens ont changé toutes les pièces des quatre suspensions de la voiture, sauf une, le triangle qui a cassé durant la course ».

Après 35 minutes d’efforts, le pilote blessé est immédiatement évacué par hélicoptère vers l’hôpital Royal Victoria. Les chirurgiens le soignent pour traiter une facture du fémur gauche, une fracture de la rotule gauche, une fracture nette du tibia droit et des fractures mineures au genou droit.

Jeudi le 2 octobre, soit quatre jours après son accident, Jabouille est rapatrié en France dans le Lear Jet privé du milliardaire saoudien Mansour Ojjeh, le patron de TAG, commanditaire de l’écurie Williams. Le Français est ensuite réopéré par le professeur Judet à Paris et commence une longue rééducation.

Jabouille avait prévu de quitter l’écurie Renault pour joindre les rangs de Ligier en 1981. Souffrant encore terriblement des jambes, il a honoré son contrat, mais s’est vite rendu compte qu’il avait beaucoup de mal à piloter. Boitant et ayant perdu beaucoup de force dans ses jambes, Jabouille a dû quitter à regret le monde de la F1 après cinq tentatives infructueuses. Il a continué à courir dans d’autres catégories comme en Endurance et aux 24 Heures du Mans aux commandes de la Peugeot 905 et aussi en Super Production française. Il a aussi occupé le fauteuil de direction de Peugeot Sport.

Jean-Pierre Jabouille est décédé le 2 février 2023 au terme d’une longue maladie.