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Historique IMSA : Nissan NPT-90 et Toyota Eagle MK III, deux voitures de légende en GTP (Partie 2)

Historique IMSA : Nissan NPT-90 et Toyota Eagle MK III, deux voitures de légende en GTP (Partie 2)

Jeudi 23 mars 2023 par Marc Cantin
Crédit photo: Wikimedia Commons

Crédit photo: Wikimedia Commons

Pour ce second volet consacré à la première époque des prototypes GTP, que plusieurs qualifient d’âge d’or de l’IMSA, nous nous intéressons aujourd’hui à deux voitures devenues mythiques dans les années 1990, la Nissan NPT-90 et la Toyota Eagle MK III.
 
1. Nissan NPT-90 (photo ci-dessus)

Conçue en 1990 par Nissan Performance Technology Incorporated (NPTI, entreprise succédant au Team Electramotive) en Californie, la toute nouvelle voiture faisait appel au groupe propulseur de la GTP ZX-Turbo, déjà championne en classe GTP pour 1988 et 89. La NPT-90 remporta le titre IMSA GTP en 1990 et 1991 avant de prendre sa retraite en fin 1992.

Conçue pour contrer les protos de Porsche, Toyota et Jaguar tout en profitant du moteur de la ZX-Turbo déjà championne, les ingénieurs concentrèrent leurs efforts pour créer une voiture adaptée aux courses américaines : solide pour bien encaisser les chocs contre les concurrents et les murs, aérodynamique produisant beaucoup d’appui sur pistes lentes et centre de masse reculé afin d’ajouter à l’adhérence en sortie de virages lents.

La puissance augmentée à 950 chevaux du moteur V6 de 3 litres compensait pour l’augmentation de traînée aérodynamique à haute vitesse, tandis que des versions évoluées suivirent en 1991 et 1992 (NPT-91, NPT-91A et NPT-91D), en réponse à la Toyota AAA Mark III arrivée en fin 1991 et aux Jaguar du TWR inspirées du Groupe C et des technologies de la Formule 1.

Les résultats de la NPT-90 furent au rendez-vous dès son arrivée sur les pistes. Lancée en 1990, la Nissan gagne dès sa deuxième présence en piste et termine la saison avec trois victoires, à Mid-Ohio, Watkins Glen et Road America. Une série de bons résultats s’ajoutent et le tout se solde par le titre IMSA GTP pour cette première année en compétition du modèle, aux mains de Geoff Brabham, le fils aîné de Jack Brabham et titré en GTP quatre fois avec Nissan. Geoff Brabham était un pilote avec juste le bon dosage de patience et d’agressivité pour ce type de courses. Il a toujours été bien secondé par des pilotes du calibre de Chip Robinson, Derek Daly, Bob Earl et John Morton.

En 1991, après que Nissan ait inscrit ses modèles de Groupe C à Daytona (2ème place), les deux NPT-90 inscrites aux 12 Heures de Sebring terminent première et deuxième position, et suivent avec deux autres victoires pour le reste de la saison. Jaguar, Toyota et Intrepid (Chevrolet GTP) se partagent alors le reste de la saison. Nissan remporte cependant le titre des manufacturiers alors que Geoff Brabham remporte son quatrième titre des pilotes.

L’année suivante, Nissan déclare forfait pour les 24 Heures de Daytona… pour son équipe américaine en tout cas ! Car la structure japonaise de Championnat du monde engage la R91 Groupe C pour un trio de pilotes japonais qui l’emporte, infligeant ainsi une gifle monumentale aux vedettes de la série. L’équipe Nissan américaine présente ensuite une équipe renforcée à Sebring. Un abandon à 5 tours de la fin vient sonner le glas des ambitions de la meilleure NPT-91 en piste.

Après la victoire d’une NPT-91 à Miami, les problèmes techniques et incidents en piste allaient toutefois marquer le reste de la saison. Les deux NPT-91 inscrites à Road Atlanta furent mêmes détruites lors d’incidents imputés aux pneus, un désastre dont l’équipe ne put se remettre complètement malgré l’arrivée de la NPT-91C avec ses deux turbos fin 1992.

Nissan termina la saison 2ème derrière Toyota chez les manufacturiers et Geoff Brabham fut classé troisième chez les pilotes. Nissan décida au début de 1993 de remplacer la NPT-90, avant que IMSA annonce la fin de la série GTP, amenant la marque à abandonner la catégorie et à se concentrer sur la classe GT basée sur des machines de série, avec ses 240SX et 300ZX encore fort compétitives.

2. Toyota AAR Mark III (photo ci-dessous)

L’équipe All American Racers (AAR) de Dan Gurney a créé et lancé en 1991 le prototype le plus avancé de la série IMSA GTP, la Toyota AAR Mark III. La voiture, nettement la plus rapide de la catégorie, domina les saisons 1992 et 1993. Elle est même "accusée" d’avoir provoqué la fin de la catégorie GTP en IMSA après la saison 1993.

Forte des 1000 chevaux de son moteur 4 cylindres de 2,1 litres avec turbo, le plus petit en GTP, la Mark III remporta 21 des 27 courses auxquelles elle a pris part de 1991 à 1993.

AAR avait d’abord couru en GTP avec la Eagle HF89 (la Mark II) avant de créer la Mark III à partir d’une feuille blanche. La nouvelle voiture visait à corriger toutes les faiblesses de la Mark II : survirage chronique, manque d’appui à l’avant contre surplus d’appui à l’arrière. L’équipe travailla ainsi à conserver l’appui arrière tout en augmentant l’appui avant afin d’équilibrer le comportement en virage. À son meilleur, l’aérodynamique produisait un total de 10 000 lb après la pose d’un second aileron arrière sous le premier.

Après une première victoire en fin de saison 1991, PJ Jones (fils de Parnelli Jones) fut recruté comme second pilote avec le meneur de l’équipe, Juan Fangio II (le neveu du quintuple champion du monde de F1). En 1992, Jones remporta deux victoires, Fangio sept et un premier titre des pilotes. Toyota fut couronné chez les manufacturiers.

En 1993, Fangio remporta encore 7 victoires et un second titre des pilotes, avec une paire de gains pour Jones et un second titre pour la marque. Mais cela marquait la fin d’une époque, celle de ces prototypes GTP qui étaient cependant encore très fiables, spectaculaires et n’avaient guère montré de faiblesses en matière de sécurité.

Mais l’IMSA n’avait plus le choix : le Championnat du monde d’Endurance vivait une saison calvaire avec des prototypes coûteux et par trop inspirés de la F1 qui ne pouvaient pas être éligibles en IMSA, l’auditoire télévisé avait rétréci, Porsche avait abandonné la catégorie et avec elle de nombreuses équipes privées. Le mort, dans un accident d’avion, d’Al Holbert fut aussi un dur coup. Holbert était très influent au sein de l’IMSA et son projet de Porsche-clients bâties aux États-Unis pour la classe GTP ne lui survécu pas.

La domination des voitures japonaises (Toyota, Nissan, Mazda) et de pilotes étrangers fut aussi critiquée aux États-Unis à cette époque et la crise économique au Japon causa le départ de ces manufacturiers

La dernière course IMSA GTP fut tenue le 2 octobre 1993 à Phoenix. Par la suite, l’IMSA devint le WSC puis l’American Le Mans avant de revenir au-devant de la scène ces dernières années, sous son propre nom. Une nouvelle ère de l’Endurance et de la classe GTP a débuté en janvier dernier à Daytona. Une ère qui a toutes les raisons de devenir fort prospère tant elle suscite l’engouement des manufacturiers…

Crédit photo: Toyota Média