Une seul pilote féminine est parvenue à marquer des points en Championnat du monde de Formule 1. Il s’agit de l’Italienne Maria Grazia Lombardi, surnommée "Lella".

Depuis les trois tentatives de qualification ratées de Giovanna Amati en 1992, pas une femme n’est parvenue à se faire recruter par une écurie de Formule 1. Les choses changeront peut-être avec la Britannique Jamie Chadwick, trois fois championne de la série W et qui figure dans le giron de l’écurie Williams.

Lella Lombardi, elle, a non seulement connu du succès dans plusieurs catégories, mais a aussi décroché d’excellents résultats en F1 au volant de monoplaces qui ne figuraient pas parmi les meilleures.

Née le 26 mars 1941 à Frugarolo, elle est la fille d’un boucher. La petite Lella démontre vite sa compétitivité en affrontant les garçons à vélo dans son village. Elle court ensuite en karting, en Formule 850 italienne, en Formule 3, puis elle pilote une impressionnante Lola T330 à moteur V8 en série européenne Rothmans de Formule 5000 de 1974 où elle termine au cinquième rang.

Toujours en 1974, elle participe à la Course des champions, une épreuve de F1 hors-championnat, aux commandes de la Lola de F5000 où elle termine la course, mais n’est pas classée. Elle effectue sa première vraie présence en Grand Prix à Brands Hatch au volant d’une Brabham-Ford privée. Elle rate sa qualification par seulement 0”7, longtemps clouée aux puits par le bris d’un arbre de transmission.

Elle dispute toute la saison 1975, sauf une course, aux commandes d’une March aux couleurs du café Lavazza et avec le soutien financier du conte Zanon.

Un petit demi-point

En Espagne dans le parc de Montjuïc elle se qualifie en 24e place sur 26. Elle effectue une solide remontée et occupe la sixième pace quand la course est arrêtée au 29e passage à la suite du dramatique accident de Rolf Stommelen qui a coûté la vie à cinq personnes. Puisque moins de 75% des tours ont été couverts, les pilotes n'inscrivent que la moitié des points. À cette époque, seuls les six premiers marquaient des points. Classée sixième, Lella Lombardi ne marque alors qu’un demi-point.

Si sa March 751-Ford n’est pas des plus fiables, Lella se classe néanmoins septième en Allemagne sur le redoutable Nordschleife du Nürburgring en dépit d’une cervaison lente.

Depuis plusieurs courses, Lella se plaint du comportement erratique de sa monture. Il s’agit habituellement d’un sous-virage chronique qui se transforme en violent survirage. En désossant la voiture, l’équipe s’aperçoit que le couple arrière en aluminium est craqué…

Elle quitte March et dispute le Grand Prix des États-Unis à Watkins Glen aux commandes de la Williams FW04-Ford de Frank Williams.

Un an plus tard, en 1976, elle termine 14e au Brésil avec March, puis elle pilote une Brabham BT44B-Ford privée de l’écurie RAM Racing. Elle rate sa qualification à deux reprises, termine 12e en Autriche et décide de quitter la F1.

Lella s’est surtout fait un nom en courant en Endurance. En 1975, elle intègre l’équipe féminine d’Elf de François Guiter. On lui confie une Renault-Alpine A441 en compagnie de Marie-Claude Beaumont pour les 24 Heures du Mans. L’équipage est vraiment compétitif, mais une grossière erreur de calcul de la consommation d’essence cause son abandon.

Aux 6 Heures de Silverstone en 1976, elle termine cinquième au volant d’une Porsche 934. En 1977, elle termine les 250 km d’Imola en troisième place à bord d’une Osella-BMW. En juin, elle dispute les 24 Heures du Mans sur une Inaltera-Cosworth aux côtés de la Belge Christine Beckers. Le duo féminin termine en 11e place. Lella vient aussi faire un tour aux États-Unis en 1977 et dispute le Firecracker 400 de NASCAR Cup à Daytona. Qualifiée 29e, elle abandonne sur bris mécanique au 103e tour.

En 1979, elle devient la première femme à remporter une victoire dans une épreuve d’un championnat mondial de la FIA. Associée à Enrico Grimaldi, elle mène sa Osella-BMW à la victoire aux 6 Heures d’Enna-Pergusa.

En 1982, elle pilote une Alfa Romeo Alfetta GTV6 de l’écurie Luigi Racing Bastos en Championnat d’Europe de voitures de tourisme.

Trois ans plus tard, elle se plaint de douleurs à la poitrine. Les médecins lui découvrent un cancer. Elle lutte vaillamment, mais la maladie l’emporte le 3 mars 1992 dans une clinique médicale de Milan à seulement quelques jours de son 51ème anniversaire de naissance.