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Essai routier spécial de l'hiver (3/3) : L’Audi Q4 e-tron Sportback quattro

Essai routier spécial de l'hiver (3/3) : L’Audi Q4 e-tron Sportback quattro

Mercredi 1er mars 2023 par Philippe Brasseur
Crédit photo: Audi A.G.

Crédit photo: Audi A.G.

Terminons notre sélection d’essais spéciaux de l'hiver 2023 avec un véhicule électrique. Quoi de plus normal en effet, sachant que ce segment de marché est en constante augmentation ces dernières années et que les constructeurs y consacrent de plus en plus de nouveaux modèles. Précisons aussi que cet article comporte deux volets fort distincts. Il y a d’une part notre jugement du véhicule à propulsion électrique choisi, soit le VUS Audi Q4 e-tron quattro, d’autre part l’utilisation et la recharge électrique. Et là, on pourrait parler de pire expérience de conduite à vie ! Pourtant, nous n’avions aucun a priori en embarquant dans ce Audi Q4 mais nous ne sommes pas non plus des adeptes d’une logique ou d’une autre sans avoir testé nous-mêmes. Vous l’avez sans doute déjà bien compris en lisant Pole-Position Magazine et poleposition.ca, chez nous la vérité prime sur le politiquement correct.

Commençons par notre appréciation de l’Audi Q4 e-tron quattro. On parle ici d’un véhicule spacieux, technologiquement très intéressant et assez agréable à conduire bien qu’il ne nous ait pas apporté le plaisir habituel des autres Audi essayées. Pourquoi ? Vraisemblablement à cause de son poids très élevé (plus de 2 tonnes). Le Q4 e-tron, dont l'intérieur est sobre et légèrement plus bas de gamme que ce qu'Audi nous a habitué, procure toutefois une accélération exceptionnelle avec son gros moteur électrique développant l’équivalent de 300 chevaux.

La tenue de route est bonne mais l'utilisation des freins arrière à ttambour nous a donné l'impression de reculer au 20ème siècle ! Sa traction intégrale Audi reste en revanche une référence en la matière. Sur les routes verglacées de l’hiver québécois, jamais notre Q4 n’a été pris en défaut. Il faut toutefois prévoir un budget de 60 à 80 000$, selon les options, pour cette version e-tron tandis que les Q3 ou Q5 à moteur thermique sont proposés à partir de 40 et 50 000$. Et si vous espérez que le prix de ce type de véhicule pourrait baisser avec le temps, vous risquez de déchanter encore plus lorsque vous saurez que le coût des matériaux pour fabriqur des batteries explose depuis quelques temps. À titre d'exemple, la tonne de lithium valait 5 000$ US en 2020... et 71 000$ US l'an dernier ! Plusieurs experts évaluent par ailleurs que la disponibilité de ce type de matière sera épuisée bien avant le pétrole sur notre planète.

Venons-en maintenant à l’autonomie. Si vous avez chez vous une borne de recharge et que vous n’avez pas besoin de faire plus de 100 km dans une journée, un véhicule électrique est assurément une option intéressante.

Pour ceux qui voient cette option comme une manière de "sauver la planète", c’est évidemment différent. Il faut alors croire aveuglément au discours officiel entourant cette technologie dite "propre", ce qui stipule de faire abstraction des conditions de travail dans les mines des ouvriers, dont des enfants dans certains pays, en charge de l’extraction des matières nécessaires à la fabrication des batteries. Oublier aussi les millions d’hectolitres d’eau souillée à nettoyer ces fameux métaux rares et ne pas trop penser à ce que feront les dizaines de millions de batteries stockées et non dépolluées, à l’abandon on ne sait où, une fois les véhicules en fin de vie.

Donc, partons du principe que vous avez opté pour un véhicule à propulsion électrique parce qu’il répond à vos besoins (ce qui devrait toujours être le premier choix) ou parce que vous aimez cette technologie (elle possède d’immenses qualités, dont la performance pour certains modèles comme le Q4 e-tron quattro). Dans ce cas, vous avez alors sûrement une borne de recharge à la maison, ce qui s’avère indispensable pour éviter le chemin de croix du réseau public que nous avons vécu lors de notre essai.

S’abonner au "Circuit électrique" d’Hydro Québec est cependant d’une grande simplicité et il faut bien reconnaître que la société d’état fournit via cette application fort bien faite les renseignements nécessaires pour que tous les utilisateurs, même les plus néophytes, soient à l’aise. Là où l’expérience devient décevante, voire frustrante, c’est qu’il faut tenir compte de l’autonomie réelle des véhicules. Par exemple, notre Audi Q4 e-tron quattro d’essai affichait 391 km d’autonomie lors de notre prise en main. Fort bien, sauf que comme il faisait zéro degré ce jour-là, après moins de 50 km parcours, il n’affichait plus que 286 km. Soit plus de 100 km perdus pour la moitié réellement effectués ! Imaginez ce qu’il en est lors de grands froids comme ceux vécus au début du mois et vous pouvez divisez par trois à quatre l’autonomie par rapport à celle annoncée par les manufacturiers.

De notre côté, même en roulant le plus calmement possible, sans faire d’accélérations brusques, jamais nous n’avons été en mesure de respecter l’autonomie affichée, ce qui est stressant et enlève toute idée de pouvoir faire un Montréal-Québec à -20 degrés sans s’arrêter à une borne… en espérant que celle-ci ne soit pas occupée ! Sans quoi, votre parcours de 2 heures 30 pourrait bien être doublé et vous faire regretter de ne pas avoir pris une classique voiture à essence, voire l’autobus !

L’ultime frustration est venue des bornes publiques. À notre deuxième recharge, la borne de niveau 3 (400W) proche de nos bureaux était hors service et celle de niveau 2 (240, réseau FLO) avait un bug faisant que, selon l'application, elle continuait à nous facturer du temps d’utilisation plus d’une heure après avoir débranché le véhicule… qui n’avait en réalité chargé que 8% en plus de 4 heures !

Nous espérions de cet essai qu’il nous réconcilie avec la conduite de véhicules à propulsion entièrement électrique. Il nous a plutôt conforté dans l’idée que cette technologie est UNE solution pour certains utilisateurs mais certainement pas LA seule solution, hormis peut-être pour ces dirigeants politiques qui rêvent au jour où, tout le monde devant utiliser ces véhicules, auront ainsi un moyen de contrôle sur les déplacemnts individuels et collectifs... Un dernier point : ne trouvez-vous pas ironique que l’on pousse par tous les moyens la population à acquérir des véhicules à propulsion électrique quand de l’autre on demande à ces mêmes citoyens de réduire leur consommation d’électricité ?