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28 octobre : Accident délibéré de Nelson Piquet à Singapour pour faire gagner son coéquipier, Fernando Alonso

28 octobre : Accident délibéré de Nelson Piquet à Singapour pour faire gagner son coéquipier, Fernando Alonso

Vendredi 28 octobre 2022 par René Fagnan
Crédit photo: Galeron

Crédit photo: Galeron

Si Nelson Piquet père a été un grand Champion de Formule 1 avec trois titres mondiaux, un de ses (nombreux) enfants, Nelson junior, a lui-aussi couru en Grand Prix, mais a surtout marqué l’histoire en provoquant délibérément un accident afin d’aider son coéquipier chez Renault, Fernando Alonso, à gagner une course.

Retour sur la saison 2008 de F1. Double Champion du monde, Fernando Alonso effectue un retour avec l’écurie Renault après avoir passé une seule année chez McLaren où il s’est attiré les foudres de Ron Dennis.

L’écurie Renault inscrit deux R28 pour Alonso et son jeune coéquipier, Nelson Piquet junior. Cette R28 n’est pas une grande réussite et les deux pilotes ne figurent pas souvent aux avant-postes. L’entreprise Renault n’est pas très impressionnée, tout comme le commanditaire principal de l’écurie, la banque ING. En fin de saison, il ne reste que quatre épreuves à disputer et il semble être crucial pour l’équipe de remporter au moins une victoire.

Lors du Grand Prix de Singapour, disputé le week-end du 28 septembre, Alonso peine à se qualifier en 15e place tandis que le jeune Piquet est 16e. Flavio Briatore, le directeur de l’écurie Renault, et Pat Symonds, son directeur technique, élaborent alors un scénario machiavélique pour remporter cette victoire essentielle. Il est décidé que Piquet provoquerait volontairement un accident juste après qu’Alonso ait ravitaillé en essence et en pneus. Cela ferait intervenir la voiture de sécurité et fermerait l’entrée des puits durant un certain temps. Son arrêt ayant déjà été effectué, Alonso disposerait alors d’un avantage indéniable durant tout le reste de la course. Sa position dans le peloton remonterait automatiquement lorsque ses rivaux s’arrêteraient pour ravitailler.

Avant la course, Briatore et Symonds dévoilent le plan à Piquet qui s’y oppose, mais les deux dirigeants lui expliquent qu’il doit obéir aux ordres, sinon il sera mis à la porte. Piquet accepte donc de s’exécuter, à regret. On lui explique où, quand et comment il devra avoir son accident.

La course démarre et Alonso, parti en pneus tendres et avec le réservoir d’essence presque vide, occupe le 11e rang quand l’équipe l’appelle par radio pour ravitailler. Il reprend la piste bon dernier. Deux tours plus tard, la Renault de Piquet s’encastre dans le muret de béton après avoir effectué en étrange tête-à-queue à la sortie du virage 17.

La voiture de sécurité entre en action et l’entrée des puits est fermée. Mais plusieurs pilotes risquent de tomber en panne sèche et décident quand même de ravitailler, ce qui leur vaut une pénalité “stop-and-go” de 10 secondes. Au moment où la relance est donnée, Alonso occupe la cinquième place ! Quand Nico Rosberg puis Jarno Trulli, s’arrêtent pour ravitailler, Alonso grimpe au premier rang ! Et il y restera jusqu’à la fin de l’épreuve.  L’Espagnol et Renault remportent une victoire tout à fait inespérée. Si tout le paddock suspecte une manigance, personne ne veut y croire.

Tout bascule un an plus tard

Un an plus tard, en 2009, Piquet est évincé de l’écurie Renault après le Grand Prix de Hongrie et est remplacé par Romain Grosjean. C’est exactement l’occasion que le jeune Brésilien attendait pour déballer toute l’histoire à la FIA. Il explique que le crash délibéré à Singapour lui a été “imposé” et qu’il n’avait pas vraiment le choix de provoquer un accident assez important pour déclencher l’intervention de la voiture de sécurité. Questionné, Alonso nie avoir été impliqué dans le stratagème.

Le 16 septembre, la FIA inculpe Renault et Piquet pour avoir enfreint l'article 151c du code sportif international, d'avoir été à l'origine d'un accident délibéré et d'avoir mis la vie de son pilote en danger. Briatore et Symonds sont convoqués à une réunion du Conseil mondial du sport automobile de la FIA à Paris le 21 septembre 2009. Ils démissionnent cinq jours auparavant.

À la suite de leur audition, la FIA annonce que l'équipe Renault est disqualifiée de la F1. Cette disqualification est suspendue pour deux ans. Toute infraction similaire durant cette période entraînerait l’exclusion du sport du constructeur automobile français.

Briatore, qui a d’abord nié tout implication avant d’avouer, est banni de tous les événements de F1 et des événements sanctionnés par la FIA pour une durée indéterminée, tandis que Symonds, qui a démontré des remords et présenté ses excuses, est interdit de F1 durant une période de cinq ans.

Par après, un tribunal français a annulé les sanctions, mais Briatore et Symonds ont quand même convenu de ne participer à aucun événement sanctionné par la FIA pendant une période déterminée. La FIA a aussi confirmé que Piquet ne serait pas poursuivi, et qu'Alonso est également exonéré de toute responsabilité.

La banque ING immédiatement cessé de commanditer l’écurie Renault et ses logos furent retirés des voitures dès le Grand Prix suivant, disputé ironiquement à Singapour.