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17 novembre : Bon anniversaire Bertrand Godin, ancien pilote de Formule Ford, Atlantique et F3000

17 novembre : Bon anniversaire Bertrand Godin, ancien pilote de Formule Ford, Atlantique et F3000

Mercredi 17 novembre 2021 par René Fagnan
Crédit photo: Jean-Claude Loustau

Crédit photo: Jean-Claude Loustau

Tout, ou presque, a été dit et écrit sur la carrière sportive de Bertrand Godin, aujourd’hui analyste des courses de Formule E à TVA Sports et instructeur de conduite avancée à l’École nationale de police du Québec. Né le 17 novembre 1967, il célèbre aujourd’hui son 54e anniversaire de naissance.

Bertrand a commencé sa carrière en karting, d’abord en classe Honda, puis en F100 Yamaha et enfin en Formule 125 à boîtes de vitesses. Il remporte ensuite le “Volant Maxauto” en France et est nommé pilote d’usine du constructeur Mygale de Bertrand Decoster. Il devient le premier pilote à faire gagner le châssis Mygale en course automobile sur le circuit de Nogaro en 1993 (voir la photo ci-dessus), et décroche le titre de vice-champion de Formule Ford 1800 à deux reprises, en 1993 et 1994.

De retour au Québec, il est sans volant jusqu’à ce que Player’s le recrute en 1995 pour remplacer Claude Bourbonnais qui s’est fracturé une vertèbre cervicale lors d’un accident survenu sur l’ovale de Nazareth dans sa monoplace d’Indy Lights.

Puis, il court en Formule Atlantique en 1997, toujours pour l’écurie Player’s et décroche deux victoires, dont une au Grand Prix du Canada à Montréal. Contre toute attente, Player’s met fin à son contrat le jour de son anniversaire de naissance, fin 1997. En 1998, il participe au Championnat de Formule 3000 en Europe avec l’écurie italienne Durango avec un budget ridiculement bas.

Au cours des années suivantes, il court sporadiquement en course sur glace à Sherbrooke, en stock-car, en Coupe Nissan Micra, puis effectue un retour en Formule Ford en 2018 et gagne une des courses de cette catégorie présentées au Grand Prix de Trois-Rivières.

Ça, c’est du connu. Du réchauffé. J’ai donc appelé Bertrand pour lui poser quelques questions un peu inquisitrices sur sa carrière…

Quel a été ton plus beau souvenir en course ?
À titre de spectateur, ce fut la course de Formule Atlantique du Grand Prix de Trois-Rivières en 1993. Ce fut vraiment animé ! Il y avait Jacques Villeneuve (le fils de Gilles), Claude Bourbonnais, David Empringham et Jacquot Villeneuve (le frère de Gilles) dans sa vieille Swift DB-4 qui a réussi à se battre contre Empringham pour la victoire. Ce fut une course remplie d’action. Sur le plan personnel, c’est sans contredit ma victoire en Formule Atlantique au Grand Prix du Canada en 1997.

Quel a été ton pire moment de ta carrière ?
C’est quand j’ai dû habiter dans la maison de mon employeur, Bertrand Decoster, en France. J’avais gagné le “Volant Maxauto” et j’étais arrivé en France avec 200$. J’étais super mal à l’aise, car je n’avais d’autre choix que de demeurer chez lui. Je sentais que je dérangeais. J’étais dans sa famille et je ça me rendais extrêmement mal à l’aise. Je voulais piloter, mais pas dans de telles conditions. Je me disais que si je pouvais me casser un bras pour revenir au Québec, ça résoudrait mon problème.

Quel est ton circuit favori ?
J’ai adoré celui d’Elkhart Lake. J’ai aussi beaucoup aimé la piste de Ledenon [en France]. Avec son triple gauche, il est hyper technique avec des descentes et des montées. C’est un circuit très intimidant. Mais au final, c’est le circuit urbain de Pau que j’ai le plus aimé.

Quel est l’endroit que tu détestes ?
Le bureau des commissaires de course ! [rires]

Quelle a été ta voiture de course préférée ?
Je dirais que ce fut la Lola T93 d’Indy Lights. Sincèrement, je l’ai beaucoup aimée même si elle était moins agile qu’une Formule Atlantique. Elle exigeait un pilotage d’une grande précision. Je ne pouvais pas faire n’importe quoi à son volant. Elle était tellement plus puissante que la petite Formule Ford que j’avais piloté auparavant. Ça m’a vraiment impressionné.  

Qui a été ton meilleur coéquipier ?
Greg Moore, sans contredit. Greg avait un talent formidable. Il me prodiguait de bons conseils. C’était fabuleux de voir un pilote aussi jeune possédant une telle maturité. J’ai aussi beaucoup apprécié Jean-Claude Borel [un autre pilote Mygale en Formule Ford française en 1992].

Qui a été ton plus grand rival ?
Soheil Ayari [son coéquipier au sein de l’écurie Mygale Maxauto en Formule Ford 1800]. Pas de doute là-dessus. C’était un pilote hyper rapide. Pas fiable, mais vraiment ultra rapide. Lui et moi voulions souvent rouler sur le même bout de piste en même temps et ç’a fait des étincelles !

Quel a été le moment clé de ta carrière ?
Quand j’ai remplacé Claude Bourbonnais chez Player’s en Indy Lights. Quand des noms ont commencé à circuler pour le remplacer et que j’ai vu le mien, je me suis pincé pour être sûr que je ne rêvais pas. Il y a eu un autre moment, cette fois à Portland en 1995 [Bertrand était le coéquipier de Greg Moore en Indy Lights]. Je venais de me faire “clancher” par six secondes sur un tour à Détroit par Greg et deux semaines plus tard, à Portland, je n’étais plus qu’à trois dixièmes de seconde de lui en qualification. Avant la course de Détroit, Neil Micklewright [le team manager de l’écurie Player’s] était venu me dire que si je voyais Greg s’approcher de moi pour me prendre un tour, je devais le laisser passer. À Portland, il est venu me dire de ne pas tenter de doubler Greg !

Quel fut ton pire moment de colère ?
J’ai piqué une grosse colère quand je me suis rendu compte que je n’arrivais pas à me procurer certaines pièces pour mon kart de Formule 125. Là, j’étais vraiment en furie. [Bertrand courait alors contre Alexandre Tagliani, et c’est son père qui importait les châssis, les moteurs et les pièces de F125].

Quel a été ton plus gros accident ?
En Indy Lights au Grand Prix de Trois-Rivières en 1996 au bout de la ligne droite pour le virage du Carmel. Je devais ralentir de 250 à 80 km/h. En appuyant sur la pédale de freins, une vis de purge a lâché. Privé de freins, j’ai mis la voiture en tête-à-queue sur la ligne droite pour la ralentir. J’ai tapé le mur de béton à trois reprises. Ça m’a vraiment marqué. Et trois heures plus tard, je prenais le départ de la course, avec un énorme mal de tête…

Qu’est-ce qui te relaxe le plus ?
Être en pole position ! Aujourd’hui, j’accepte les défis. J’apprécie le moment présent. Je laisse désormais les enjeux de côté pour me concentrer à 100% sur mon pilotage et ma performance. Tu peux voir les choses de deux façons différentes. Soit tu te dis “Ah non, je me fais attaquer…” ou bien tu tournes ça en positif et te dis “Allright, je me fais attaquer, ça va être le fun”. Tu as plus de chances de réussir si tu acceptes le défi.

Quel est ton principal défaut ?
Être naïf. Et ma plus belle qualité est aussi d’être naïf. C’est un couteau à deux tranchants…

Pourquoi ton fils ne fait-il pas de la course automobile ?
Je ne sais pas. Il faudrait lui poser la question. Il ne trouve pas ça pertinent. J’ai accepté qu’il développe ce qu’il voulait développer. Je n’ai pas insisté pour qu’il s’intéresse au sport auto. Je trouve ça bien comme ça. Moi, j’ai vécu ma passion. Mon père me dit encore que j’ai réalisé son rêve. Je lui rétorque que non, c’est moi qui ai réalisé mon rêve.

Avec du recul, quelle conclusion tires-tu de ton épisode Player’s ?
Bof… Honnêtement, il n’y aura jamais de belles façons pour terminer une relation comme celle-là, surtout quand tu vis ton rêve et tu es payé pour ça. Aujourd’hui, je n’en garde que du positif. C’est vrai que je n’ai disputé qu’une seule saison complète dans le clan Player’s, mais quand je regarde les difficultés que rencontrent nos jeunes pilotes, les ennuis qu’ils ont pour trouver du financement, je me trouve chanceux et privilégié d’avoir vécu cette période. Mais j’avoue que sur le coup, ç’a été difficile à accepter. J’ai vécu ce moment comme lorsque Cendrillon a vu son carrosse se transformer en citrouille…