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Insolite : Ces moteurs de F1 qui portent des noms de montres ou d’ordinateurs !

Insolite : Ces moteurs de F1 qui portent des noms de montres ou d’ordinateurs !

Mercredi 2 juin 2021 par René Fagnan
Crédit photo: WRI2

Crédit photo: WRI2

Suite à l’annonce du retrait de Honda de la Formule 1 à la fin de la présente saison, l’écurie autrichienne Red Bull Racing a décidé de créer son propre département de moteurs, Red Bull Powertrains Limited, afin de poursuivre le développement et la préparation des moteurs turbo hybrides japonais jusqu’en 2025.

Difficile de croire que ce moteur conservera le nom de Honda. Red Bull répétera sûrement ce qu’elle a fait quand ses relations sont devenues extrêmement tendues avec Renault fin 2015. Ne voulant plus être officiellement associée à Renault tout en continuant d’employer ses moteurs, Red Bull les a simplement rebaptisés TAG Heuer du nom de son commanditaire principal. Aussi curieux que cela pouvait-il paraître, un fabriquant de montres devenait motoriste !

Ce n’était toutefois pas une nouveauté en F1. Il existe plusieurs autres cas similaires où un partenaire financier a payé la facture des moteurs d’une écurie en échange de l’utilisation de son nom d’entreprise.

Megatron (né BMW)
Fin 1986, BMW décide de porter ses efforts sur Brabham, ce qui laisse l’équipe Arrows sans moteur pour la saison suivante. Arrows était alors commanditée par la compagnie d’assurance américaine USF&G (United States Fidelity & Guaranty) qui possédait une compagnie de location d’ordinateurs appelée Megatron. Jackie Oliver d’Arrows est parvenu à convaincre John Schmidt, le patron d’USF&G, de financer une opération de marketing consistant à acheter un lot de moteurs à BMW, de les rebaptiser Megatron, et de les faire préparer par Heini Mader en Suisse. Simultanément, l’écurie Ligier s’était soudainement retrouvée sans moteur et est parvenue à un accord avec Arrows pour utiliser des moteurs Megatron. Après deux saisons, 1987 et 1988, le Megatron fut retiré de la circulation. Seul succès notable : la troisième place d’Eddie Cheever en Italie en 1986 à bord d’une Arrows A10B.

Asiatech (né Peugeot)
Après avoir motorisé les écuries McLaren, Jordan et Prost, Peugeot a quitté la F1 en 2000. Un mystérieux consortium (appelé AMT - Asian Motor Technology - puis rebaptisé Asiatech) fut créé par Hideo Morita et dirigé par John Gano afin de reprendre le programme de Peugeot qui demeura basé à Vélizy-Villacoublay en France. Morita voulait alors créer une écurie de F1 asiatique et recherchait des partenaires financiers. Les moteurs Asiatech ont propulsé les Arrows et les Minardi, ne récoltant récoltent que trois points. Morita n’a pas réussi à financer son projet de F1. Asiatech, à court d’argent, fit faillite et fut liquidée en février 2003.

Acer (né Ferrari)
Alain Prost, quadruple Champion du monde, a créé son écurie de F1 en 1997. Ses voitures sont d’abord motorisées par Mugen-Honda avant de passer au Peugeot. Mais quand l’entreprise française a quitté la F1 fin 2000, Prost s’est retrouvé sans moteur, mais a conclu une entente avec Ferrari qui lui propose de lui louer un lot de ses moteurs V10. Prost a financé le projet avec les dollars de commandite de lui apportait le pilote brésilien Pedro Diniz et le fabricant d’ordinateurs Acer. Les Prost AP04 ont donc été propulsées par des moteurs Ferrari appelés Acer en 2001. Toutefois, il s’agissait de moteurs d’ancienne génération qui ne bénéficiaient d’aucune mise à jour ou de progrès technologiques. Fin 2001, l’écurie Prost, endettée comme c’est pas possible, fut liquidée.

Supertec et Playlife (né Renault)
En 1997, Jacques Villeneuve devient Champion du monde à bord d’une Williams-Renault. À la fin de l’année, Renault se retire de la F1 et un lot de moteurs V10 est racheté par une compagnie néerlandaise, Super Performance Competition Engineering BV, dirigée par Flavio Briatore et Bruno Michel. Ces moteurs sont préparés par Mecachrome, l’entreprise qui sous-traite déjà beaucoup de travail pour Renault F1. Le moteur, désormais appelé Supertec FB01 (FB pour Flavio Briatore, c’est beau le culte de la personnalité !) motorise les Williams, BAR et Arrows avant de quitter la scène. Ce même moteur Supertec est aussi utilisé par l’écurie Benetton qui le rebaptise Playlife du nom de la marque de vêtements sport de Benetton. Fin 2000, le moteur Playlife est lui-aussi remisé et disparaît de la scène.

Fondmetal et European (né Ford)
À la fin des années 90, l’écurie Stewart utilise des moteurs Ford Cosworth. Fin 99, Cosworth abandonne son V10 JV Zetec-R pour le nouveau CR-1. Un lot de moteurs Zetec-R est alors racheté par Gabriele Rumi, patron de la compagnie de jantes automobiles Fondmetal et propriétaire de l’écurie de F1 Minardi. Le meilleur résultat du moteur Fondmetal RV10, entretenu sans le soutien de Cosworth, est une huitième place décrochée à trois reprises en 2000. L’écurie Minardi est ensuite achetée par Paul Stoddart, propriétaire de la compagnie d’aviation australienne European. Pour se faire de la publicité, Stoddart rebaptise le vieux moteur Cosworth-Fondmetal en European. Son meilleur résultat est une neuvième place acquise à deux occasions.

Petronas (né Ferrari)
Avant d’être un partenaire majeur de l’écurie Mercedes F1, la pétrolière malaisienne Petronas a été associée à Sauber. Entre 1997 et 2005, l’écurie suisse a été motorisée par des blocs V10 Ferrari renommés Petronas. Contrairement à plusieurs autres rachats de moteurs précédents, les moteurs Petronas ont souvent été de la même génération que ceux de l’écurie officielle Ferrari. La collaboration entre Ferrari et Sauber était telle que la Scuderia a fourni plusieurs pièces de ses monoplaces et cédé des ingénieurs à Sauber. Fin 2005, l’écurie Sauber fut achetée par BMW, ce qui mis fin au moteur Petronas.

TAG (né Porsche)
Quand Ron Dennis prit le contrôle de l’écurie McLaren en 1980, il désirait une voiture innovante qui fut la MP4/1 au châssis en carbone et munie d’un super moteur turbo. Dennis a fait financer la conception et le développement du V6 turbo Porsche par la société TAG (Techniques d'Avant Garde) du Saoudien Mansour Ojjeh. Ainsi, le moteur ne portait pas le nom de Porsche, mais celui de TAG (voir la photo ci-dessous). Ce bloc compact, puissant et fiable a mené Niki Lauda et Alain Prost à trois titres mondiaux en 1984, 1985 et 1986.

TAG Heuer (né Renault)
En dépit des nombreuses victoires et des quatre titres remportés par Sebastian Vettel, les relations entre l’écurie Red Bull Racing et son motoriste Renault ont toujours été... tendues. En 2014, le nouveau moteur turbo hybride de Renault ne fut pas une réussite et les frictions entre les deux entités sont devenues de plus en plus fréquentes et publiques. Un accord fut alors pris pour que le nom de Renault n’apparaisse plus sur les voitures Red Bull. La compagnie TAG Heuer, déjà un partenaire de l’écurie autrichienne, donna ainsi son nom au moteur Renault en échange de quelques francs suisses... Cette association a duré trois saisons, de 2016 à 2018, et a rapporté neuf victoires.

Crédit photo: WRI2