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Souvenir : La première présence d’Aston Martin en F1 n’a pas été un grand succès

Souvenir : La première présence d’Aston Martin en F1 n’a pas été un grand succès

Lundi 12 avril 2021 par René Fagnan
Crédit photo: Aston Martin

Crédit photo: Aston Martin

La marque britannique de sportives de grand luxe Aston Martin effectue son retour en Formule 1 cette saison sous la direction du milliardaire canadien Lawrence Stroll, le père du pilote Lance Stroll.

Pour Aston Martin, il s’agit d’un retour en F1 après une absence de plus de 60 ans. La marque de prestige a connu ses heures de gloire grâce à ses succès acquis en endurance et aux 24 Heures du Mans ainsi qu’aux films de James Bond. Pourtant, sa première présence en F1 à la fin des années 50 n’a pas vraiment laissé un souvenir impérissable. En fait, il faut plutôt parler d’un échec cuisant.

L’entreprise Aston Martin a été fondée en 1913 par Lionel Martin et Robert Bamford dans un petit garage Londres. En 1947, deux ans après la fin de la guerre, Sir David Brown fait l’acquisition de la marque. Et en 1956, Brown décide de faire mieux connaître Aston Martin grâce au sport automobile. L’ingénieur Ted Cutting conçoit une voiture d’endurance, la DBR1, qui va gagner les 24 Heures du Mans en 1959 avec Carroll Shelby et Roy Salvadori. Une autre DBR1 va terminer en seconde place, pilotée par Maurice Trintignant et Paul Frère.

Mais avant cela, en 1956, Brown demande à Cutting et à son équipe de travailler sur une voiture de F1. L’équipe technique commence à modifier la DBR1 d’endurance pour en faire un bolide de Grand Prix, ce qui est une (grave) erreur, car le monde de la F1 est en pleine mutation. En effet, la DBR4/250 possède un moteur avant alors que les nouvelles monoplaces de F1 disposent de moteurs centraux. L’Aston Martin est aussi la seule voiture de Grand Prix à être encore munie d’une suspension arrière à pont de Dion. Cruel constat : la DBR4 est déjà dépassée quand elle arrive en scène...

Avec son moteur avant six cylindres de 2493 cc produisant 280 chevaux à 7800 tours/minute, son châssis en treillis tubulaires et ses pneus Avon, l’Aston Martin est volumineuse, peu agile et accuse un surplus de poids de 60 kg.

Des débuts étonnants, puis un déclin rapide

Elle dispute sa première course le 2 mai 1959 à l’occasion du BRDC International Trophy, une épreuve hors-championnat présentée à Silverstone. Roy Salvadori, qui a qualifié sa DBR4 en troisième place termine second tandis que Carroll Shelby se classe sixième. C’est l’euphorie dans le clan Aston Martin !

Lors du premier vrai Grand Prix de F1, Salvadori et Shelby se qualifient respectivement en 10e et 13e places, mais abandonnent tous les deux suite à des bris de moteurs. En Grande-Bretagne, Salvadori se qualifie en deuxième place et se classe sixième, mais à un tour du gagnant, Jack Brabham sur une petite Cooper-Climax.

La visite au Portugal, sur le tracé de Monsanto, est catastrophique. Salvadori se qualifie au 12e rang à... 11 secondes de la pole position ! Il termine la course en sixième place, mais à trois tours du vainqueur. À Monza en Italie, en dépit du montage d’une boite de vitesses provenant de chez Maserati, Shelby termine un lointain 10e tandis que Salvadori abandonne sur bris de moteur.

Aston Martin ne baisse pas les bras et produit une nouvelle voiture, la DBR5, pour la saison 1960. Les suspensions ont été retravaillées, la puissance du moteur a été accrue, le poids a été abaissé et les pneus Avon ont été abandonnés en faveur des Dunlop. Malgré tout cela, la DBR5 demeure une voiture de conception ancienne.

Les nouvelles voitures n’étant pas prêtes à temps, l’écurie doit ressortir ses “vieilles” DBR4 pour l’International Trophy de 1960. Maurice Trintignant termine en 10e place à quatre tours du gagnant tandis que Salvadori est ralenti par des coupures de son moteur. 

Aston Martin et ses DBR5 vont disputer un seul Grand Prix en 1960, celui de Grande-Bretagne. Qualifiés respectivement en 13 et 21e rangs, Salvadori abandonne en course tandis que Trintignant se classe 11e, mais à cinq tours du vainqueur.

C’est terminé. Sir David Brown décide que son entreprise doit désormais concentrer ses efforts sur les courses d’endurance et la production de voitures de série.

Cette saison, Lawrence Stroll rallume la flamme en ramenant Aston Martin en F1.

(La photo ci-dessous illustre bien les différences de technologie (et de dimensions) entre l’Aston Martin DBR5 (Roy Salvadori, No. 18) et la BRM P48 (Dan Gurney, No. 5).

Crédit photo: Aston Martin