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2 février : Première victoire d’une voiture japonaise, une Nissan, aux 24 Heures de Daytona en 1992

2 février : Première victoire d’une voiture japonaise, une Nissan, aux 24 Heures de Daytona en 1992

Mardi 2 février 2021 par René Fagnan
Crédit photo: Archives Nissan

Crédit photo: Archives Nissan

Suite à la Seconde Guerre mondiale, les Américains et le sport automobile américain étaient très méfiants envers le Japon et ses constructeurs automobiles. Toutefois, des ponts ont été créés et l’idée de voir des véhicules japonais construits en sol américain a fait son chemin.

Puis, les grandes marques japonaises ont commencé à s’impliquer en course automobile et on a assisté à des exploits comme la première victoire d’un moteur japonais en série IndyCar (la Reynard-Honda d’Alex Ribeiro au New Hampshire en 1995), la première victoire d’une voiture japonaise en NASCAR Cup (Kyle Busch à Atlanta en 2008) et la première victoire d’un pilote japonais au Indy 500 (Takuma Sato en 2017).

Revivons aujourd’hui la première victoire d’une voiture japonaise aux 24 Heures de Daytona.

Cette victoire historique est survenue lors de l’épreuve présentée les 1er et 2 janvier 1992 quand l’équipage composé de Masahiro Hasemi, Kazuyoshi Hoshino et Toshio Suzuki a piloté la Nissan R91CP NISMO No. 23 à la victoire au classement général.

Nissan possédait déjà une longue feuille de route en courses d’endurance, que ce soit dans diverses catégories au Mans, à Daytona ou à Sebring. Mais la firme japonaise désirait conquérir Daytona afin de promouvoir la vente de ses voitures de série en sol américain. Durant les années précédentes, Nissan avait fait appel à des constructeurs spécialisés, comme March et Lola pour faire concevoir et fabriquer ses châssis. Cette fois, Nissan avait produit une toute nouvelle machine dérivée de sa R90CP de Groupe C dont le châssis provenait justement de chez Lola.

La monocoque 100% japonaise était entièrement fabriquée en fibre de carbone et était habillée d’une carrosserie développée pour générer un bon niveau d’appui aérodynamique sans pénaliser la vitesse maximale. Le moteur VRH35Z, un V8 turbo d’une cylindrée de 3,5 litres, fut encore amélioré et pouvait cracher une puissance de 800 chevaux à 7600 tours/minute.

Puisque cette voiture répondait au règlement de la classe Le Mans (soumise à des restrictions en termes de cylindrée de moteur et de consommation de carburant), elle ne pouvait marquer de points au championnat IMSA dont faisait partie l’épreuve de Daytona.

Une nuit mouvementée pour la famille Brabham

C’est l’Argentin Juan-Manuel Fangio II qui réalise la pole position aux commandes de l’Eagle Toyota MKIII de l’écurie AAR de Dan Gurney avec un chrono de 1’35”860. Puis, en seconde place, on retrouvait la Jaguar XJR-16 turbo de Davy Jones, mais cette voiture, trop neuve, fut retirée le matin de la course à cause d’ennuis de moteur. Jones fut alors muté sur la XJR-12, plus fiable. Suivaient ensuite Hans-Joachim Stuck au volant de la Porsche 962C Joest, Masahiro Hasemi dans la Nissan NISMO R91CP et deux Nissan NPTI R90C de classe IMSA.

Le drapeau est à peine agité samedi après-midi que Hasemi propulse la Nissan NISMO en première place devant la Toyota de Fangio. Les quatre premières heures de l’épreuve se déroulent sans trop de surprises, mais la nuit glaciale (il fait à peine 4 degrés C) sera catastrophique pour les membres de la famille Brabham.

David Brabham, qui copilote la Jag V12 avec le Torontois Scott Goodyear, Scott Pruett et Davy Jones, se fait surprendre après un arrêt par ses pneus froids sur cette piste glissante comme une patinoire. La Jaguar percute le rail, ce qui endommage la suspension. Brabham effectue un tour du circuit à basse vitesse et rentre aux puits. Les mécanos de l’écurie TWR effectuent la réparation en un temps record et le bolide reprend la course.

Gary, le frère de David, qui partage le volant de la Nissan NPTI avec Derek Daly et Steve Millen, se fait aussi surprendre et la voiture percute le muret de béton de face. L’impact est tel qu’il déplace la roue avant droite qui défonce la monocoque. C’est l’abandon. Et ce n’est pas fini ! Quatre heures plus tard, alors qu’il occupe la tête de la course, c’est l’autre frère Brabham, Geoff, qui voit le V8 de sa Nissan NPTI casser net, sans avertissement. La Nissan NISMO avait dû s’arrêter alors qu’elle occupait la tête afin de faire dégager des débris coincés sous le châssis et nettoyer les radiateurs, car le moteur commençait à surchauffer. L’abandon de la Nissan NPTI permettait donc à la sœur NISMO de repasser en tête.

Les trois pilotes japonais ne sont plus inquiétés. Ils disposent d’une telle avance sur leurs rivaux qu’ils peuvent baisser le rythme et sauvegarder la mécanique. Davy Jones, aux commandes de la Jaguar XJR12 hausse le tempo pour tenter de rejoindre la Nissan en tête, mais des ennuis de boîte de vitesses le forcent à ralentir. Jones doit même s’arrêter aux puits pour que les mécanos démontent la transmission et effectuent une réparation d’urgence.

La Nissan R91CP NISMO croise l’arrivée en première place après avoir parcouru 762 tours du circuit routier de Daytona, soit une distance totale de 4365,7 km à la vitesse moyenne de 181,690 km/h. Par contre, sur le podium, les vainqueurs ne sont pas trois, mais quatre ! En effet, le quatrième pilote est le Suédois Anders Olofsson qui devait copiloter la Nissan victorieuse, mais les dirigeants de l’équipe ont choisi de ne pas le faire rouler.

La Jaguar Bud Light V12 de Brabham, Jones, Pruett et Goodyear termine au second rang, mais première en catégorie IMSA GTP. La Porsche 962C de Hurley Haywood, Eje Elgh, Roland Ratzenberger et Scott Brayton se classe troisième devant l’Eagle Toyota de P. J. Jones, Rocky Moran et Mark Dismore.