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13 avril : Ayrton Senna bat Nigel Mansell par 93 centimètres au GP d’Espagne !

13 avril : Ayrton Senna bat Nigel Mansell par 93 centimètres au GP d’Espagne !

Lundi 13 avril 2020 par René Fagnan
Crédit photo: Jean-Claude Loustau

Crédit photo: Jean-Claude Loustau

Le 13 avril 1986, une minuscule foule de seulement 15 000 spectateurs a assisté à l’un des Grands Prix les plus excitants et des plus chaudement disputés de l’histoire de la Formule 1.

Le Grand Prix d’Espagne, seconde étape de la saison 1986, fut présenté pour la première fois sur le circuit de Jerez de la Frontera près de Séville. Jerez était un tracé sinueux, une sorte de Monaco en pleine campagne où il était à peu près impossible de doubler un rival (ce que Jacques Villeneuve a démenti de belle façon en 1997 !)

Lors du premier Grand Prix de la saison, Nelson Piquet, sur Williams FW11-Honda, avait battu son ennemi brésilien, Ayrton Senna, qui pilotait une Lotus 98T-Renault.

En Espagne, c’est Senna qui réalise la neuvième pole position de sa carrière (la 100e pour l’écurie Lotus qui dispute son 350e Grand Prix) devant les Williams de Piquet et Nigel Mansell, puis viennent les McLaren MP4/2C TAG Porsche d’Alain Prost et de Keke Rosberg.

C’est parti pour 72 tours de manège et Senna mène la meute sans toutefois parvenir à se détacher du reste du peloton. Mansell respecte à la lettre les indications de consommation de carburant fournies par son ordinateur de bord et baisse la cadence, permettant à Prost de le doubler. Après quelques tours, une fois la consommation stabilisée, le Britannique peut remettre la puissance de son moteur Honda à la normale.

À la mi-parcours, les cinq premiers - Senna, Piquet, Mansell, Rosberg et Prost - sont groupés en six secondes. Mansell double Piquet et donne maintenant la chasse à Senna. Piquet rencontre des soucis et abandonne sur bris de turbo. La course ressemble à une procession...

Au 40e tour, Mansell utilise la présence d’un retardataire, Martin Brundle sur une Tyrrell, pour doubler Senna. En quelques tours, l’avance de Mansell grimpe à quatre secondes. Par contre, entaillé par un morceau de carbone provenant du fond plat abimé de la Williams, un pneu arrière de la monoplace de Mansell se dégonfle progressivement. L’équipe de Frank Williams prépare un train de pneus neufs, mais Mansell ne s’arrête pas, mystérieusement.

Senna tente de doubler le Britannique par tous les moyens. Il essaie par la droite, par la gauche, sans succès jusqu’à ce que Mansell ralentisse, chute au troisième rang et se décide enfin à rentrer aux puits pour changer ses pneus au 63e tour.

Il ne reste que neuf tours à compléter. Senna et Prost roulent en tête, mais avec des pneus usés à la corde tandis que Mansell profite de quatre pneus Goodyear flambants neufs ! Le Britannique fait face à un défi de taille : combler un retard de 20 secondes en huit tours. Le moustachu se défonce et leur reprend quatre secondes au tour !

Avec cinq tours à faire, Mansell est encore à cinq secondes de Prost et à huit secondes de Senna. Au 69e tour, Mansell double enfin Prost qui a rendu sa McLaren très large. Au 70e tour, le retard de Mansell sur Senna est de 5”3. Au début du dernier tour, ce retard a chuté à 1”6. Mansell pousse au maximum et rejoint la Lotus noire alors qu’il ne reste que quelques virages à négocier.

Dernier virage : le museau de la Williams est collé au diffuseur de la Lotus. Mansell sort du sillage de la Lotus par la gauche et la remonte à l'accélération... Mais Senna coupe la ligne d'arrivée avec quatorze millièmes de seconde d'avance. C'est l'arrivée la plus serrée d’un Grand Prix depuis l'Italie en 1971. C’est la troisième victoire en carrière pour Senna et la 76e de l’écurie Lotus.

Une victoire acquise par seulement... 93 centimètres !