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Essai Lamborghini Urus : Une supercar utilisable au quotidien

Essai Lamborghini Urus : Une supercar utilisable au quotidien

Jeudi 20 juin 2019 par Philippe Laprise
Crédit photo: Philippe Laprise

Crédit photo: Philippe Laprise

Jusqu’à l’année dernière, posséder une Lamborghini signifiait avoir une supercar, une voiture capable de faire vivre des sensations exceptionnelles à son chanceux propriétaire. Mais cela voulait aussi dire vivre avec certaines contraintes au jour le jour, comme devoir négocier des dos d’ânes à très basse vitesse, éviter les nids de poules à tout prix et aussi partager ce plaisir avec seulement une autre personne à bord. Sans parler du confort limité, d’une utilisation généralement réservée aux belles journées d’été et d’un espace de rangement… lilliputien. 

Lamborghini a annoncé la venue de la Urus il y a déjà plusieurs mois, et les livraisons ont débuté à l’automne 2018. Le marché des VUS de très grand luxe est florissant et Lamborghini veut offrir à ses clients les performances et l’exclusivité de la marque, avec l’accessibilité qui permet une utilisation quotidienne. Est-ce que ce super VUS a conservé son ADN de taureau de combat en ajoutant des places arrière et une garde au sol plus élevée, permettant une utilisation familiale ? C’est ce que nous avons tenté de découvrir les derniers jours…

L’inspiration : le LM002

La Urus n’est pas le premier véhicule utilitaire sport de Lamborghini. Certains se souviendront du LM002, un véhicule aux lignes plutôt carrées, que Lamborghini avait développé dans les années 1980 pour faire des excursions hors route, propulsé avec le moteur V12 de la Countach, rien de moins ! Malgré une allure extérieure utilitaire, le LM002 possédait un intérieur très luxueux. Ce véhicule, qui a reçu le surnom de Rambo-Lambo, a connu une diffusion plutôt limitée. La mode des VUS n’était pas encore arrivée.

En 2019, la Urus arrive à point. En utilisant certains éléments stylistiques du LM002, comme les contours d’ailes hexagonaux et galbés, les roues énormes (disponibles entre 21 et 23 pouces), et même la petite grille triangulaire noire près de l’aile avant, l’effet est vraiment réussi. Les designers sont aussi parvenus à injecter la signature visuelle des supercars de la marque au taureau : ceinture de caisse élevée, et surface vitrée plus mince. C’est ce que Lamborghini appelle le ratio 2 tiers carrosserie, 1 tier fenêtres. Et c’est frappant lorsqu’on compare le profil de la Urus à la Huracan par exemple. À l’extérieur, un autre élément qui permet de reconnaître rapidement la Urus est le design des phares et des feux arrières, en forme de Y comme les autres membres de la famille. Cette filiation se retrouve aussi à l’intérieur.

Prendre le taureau par les cornes

L’allure extérieure est une chose, mais ce qu’on ressent lorsqu'on conduit un véhicule est le facteur clé dans la décision d’achat. Alors, est-ce que la Urus peut faire vivre à ses occupants des sensations aussi intenses que son allure audacieuse le suggère ?

La réponse est Oh oui !  Dès qu’on prend place à bord, les sièges de cuir perforé nous accueillent avec une odeur et un confort enveloppant. On voit bien qu’on est dans un véhicule à vocation sportive : le support latéral est très bon, et les multiples ajustements permettent de trouver la position de conduite parfaite. Mais le moment de vérité arrive lors du démarrage. Pour lancer le moteur de la Urus, un peu de protocole est de mise. Tout d’abord, il faut soulever le garde rouge, similaire à ce qu’on retrouve dans les avions de chasse, et ensuite appuyer sur le bouton qui se trouve en-dessous. Le V8 bi-turbo de 4 litres se met en marche avec une voix rauque, et ce moteur annonce ses couleurs. Il semble nous murmurer : on va avoir du plaisir ensemble aujourd’hui ! Et on ne se lasse pas d’entendre cette musique. L’effet sur les passagers est tout aussi réussi. Ça met un sourire au visage de tous les occupants à chaque départ.

Contient de la taurine

Une fois sur la route, on voit clairement qu’on est au volant d’une voiture d’exception. Bien sûr, la puissance disponible est très grande.  650 taureaux, euh… chevaux galopants. Mais le plus impressionnant est la capacité de la Urus à s’ajuster à l’humeur de son pilote. En effet, en utilisant la manette identifiée ‘anima’, qui signifie âme en italien, située sur la console centrale, il est possible de choisir la personnalité de la voiture… selon votre état d’âme ! Pour se rendre à l’épicerie le samedi matin, le mode Strada (route) est tout indiqué. La suspension est alors ajustée pour le confort, l’échappement se fait plus discret, la direction assistée est toute en souplesse et les changements de vitesse se font en douceur, pour maximiser l’économie d’essence. C’est aussi le mode parfait si vous revenez à la maison tard dans la nuit, pour éviter de réveiller tout le quartier. 

Vous voulez un peu plus de piquant ?  Passez au mode Sport. Dans ce cas, la suspension se raffermit et abaisse la hauteur du véhicule, le volant devient plus ferme, les changements de vitesse sont plus rapides et le choix du rapport est axé sur la performance. En accélérant à fond à partir de l’arrêt, on sent l’avant se soulever, signe de la grande course de la suspension. Une fois le poids transféré à l’arrière, on est catapulté vers l’avant avec une force impressionnante. Mais surtout, à chaque décélération, un grondement sourd vient accompagner les changements de vitesse, ce qui agrémente la conduite tout en laissant entrevoir le potentiel sportif de la voiture. Le comportement dynamique et l’agilité de la Urus sont aussi franchement impressionnant pour un véhicule de 2200 kilos, et je soupçonne que les 4 roues directrices y sont pour quelque chose.

De la terre à la piste… de ski !

Un autre mouvement sur le tamburo (le sélecteur de modes) permet de passer en mode Corsa. Vous l’aurez deviné, ce mode est pour la piste de course. Avec une direction encore plus communicative et des barres anti-roulis raffermies, ce mode est le plus extrême pour les performances pures. Même l’affichage tête haute (en option), qui projette les informations pertinentes dans le bas du pare-brise, s’ajuste et se concentre sur 2 éléments : le rapport de boîte et le régime moteur. Je n’ai pas eu la chance d’essayer la Urus sur piste et donc d’aller jusqu’à la vitesse maximale annoncée de 305 km/h (0 à 100 en 3,6 secondes), mais quelque chose me dit que ça pourrait être très intéressant de faire une séance de tours rapides au Circuit Mont-Tremblant avec ce super VUS. Les immenses freins carbone-céramique pincés par des étriers à 10 pistons à l’avant et 6 pistons à l’arrière offrent une puissance et une résistance à l’échauffement qui semble sans limites. 

Les autres modes offerts sont Terra, Sabia et Neve, pour terre, sable et neige. Je n’ai pas osé utiliser la Urus sur des chemins de terre, et je doute que plusieurs propriétaires fassent de même. Mais sachez que Lamborghini a prévu ces modes et optimisé les performances des différents systèmes pour ces conditions. Par contre, le mode Neve sera très intéressant pour les québécois qui veulent se rendre au chalet de ski entre amis durant la saison froide. Pirelli a d’ailleurs développé des pneus d’hiver spécialement pour la Urus. Voir une Urus chaussée de pneus neige nous rappelle la possibilité tout à fait sensée de rouler avec un VUS de super luxe pendant tout l’hiver, sans devoir faire de compromis.

Une corrida… version familiale

Revenons maintenant à la question initiale : est-ce qu’on peut vraiment penser partir en famille, avec bagages et équipements de sport, pour le chalet en Urus, ou encore pour deux semaines de vacances ? Eh bien oui. Non seulement l’espace intérieur est généreux à l’avant, mais les passagers arrière ont également droit à beaucoup d’espace. Des petites douceurs sont aussi disponibles pour les passagers arrière, comme la climatisation individuelle, des sièges à dossier ajustable et une console centrale. L’aire de chargement est étonnamment vaste même en configuration 5 places et je n'hésiterais pas à me rendre en Gaspésie avec ce véhicule. On charge les valises, les cannes à pêche et les vélos, et Baie-des-Chaleurs, nous voici !

Exclusivité et raffinement

Conduire une Lamborghini le temps de quelques jours permet de mieux comprendre toute la mystique qui entoure cette marque. Notre véhicule d’essai était équipé du système audio Bang & Olufsen optionnel, qui ajoute 8347$ à la facture. Cocher cette option permet de voir les haut-parleurs se soulever du tableau de bord à chaque démarrage, c’est magique. Le fameux Y se retrouve aussi à plusieurs endroits dans l’habitacle, comme sur les grilles des buses de ventilation et des haut-parleurs. Ça résume bien l’expérience Lamborghini : le raffinement jusque dans les petits détails, pour offrir une expérience exclusive et complète.

Le raffinement se retrouve aussi dans le système multimédia, qui combine 3 écrans couleur. Deux de ces écrans sont tactiles, et il est même possible d’écrire la destination en utilisant votre doigt sur l’écran central pour que le système de navigation la reconnaisse et vous y guide. Finalement, l’écran du tableau de bord offre une qualité d’affichage franchement impressionnante qui combine haute définition, couleurs vives et visibilité dans toutes les conditions d’éclairage. Il est même possible de choisir les informations affichées sur les panneaux latéraux, comme le GPS, la puissance et le couple utilisés, ou encore un diagramme des accélérations latérales et longitudinales (friction circle).

Bien que le prix demandé (232 000$ CDN, le modèle que nous avons essayé se chiffrait lui à 290 556$ CDN) représente une rondelette somme d’argent, la Urus en offre vraiment beaucoup. Pour ceux qui peuvent se l’offrir, c’est la meilleure façon de conjuguer performance, exclusivité, espace intérieur et utilisation quotidienne.


* Consommation moyenne pendant notre essai : 13,8 litres aux 100 km.
** Merci à Lamborghini Amérique du Nord et à Lamborghini Montréal pour avoir rendu possible cet essai routier.