Créateur, avec ses collaborateurs de Team FJ, de la série Euro NASCAR, préparateur de nombreuses voitures de rallye, instigateur de la Coupe Stellantis Amérique du Nord qui a permis d’amener un nombre sans cesse plus important de Peugeot 208 R4 en Championnat canadien des Rallyes, Jérôme Galpin (photo ci-dessous) est un promoteur aux multiples implications en sport automobile.
À Zolder le week-end dernier, il était présent pour gérer l’Euro NASCAR, qui présentait à cette occasion la finale de sa saison 2025. Lors de notre rencontre, entre deux réunions à la direction de course, il a dressé le bilan de cette saison qui a couronné Vittorio Ghirelli, que les fans de NASCAR Canada avaient eu l’occasion de voir en action au dernier GP de Trois-Rivières. « C'était une bonne saison. Notre objectif est toujours de tirer la série vers le haut. Nous sommes partis en 2009 d'une toute petite série pour plaire aux fans européens de NASCAR. Nous avons aujourd’hui la sanction de NASCAR et sommes son championnat le plus international, avec plus de 10 nationalités représentées sur nos grilles de départ » explique-t-il.
À Oschersleben, un événement disputé par Raphaël Lessard le mois dernier, à Zolder et ailleurs, l’Euro NASCAR attire des foules considérables, sur un continent normalement acquis à la F1, l’Endurance et autres disciplines plus traditionnelles pour les Européens. « Il y a un vrai potentiel car nos épreuves attirent beaucoup de public. On voit que c'est un produit qui plaît » souligne Jérôme Galpin, qui précise : « nous avons été obligés de modifier un peu le concept NASCAR qu’on retrouve au Canada, au Mexique et aux États-Unis. Ainsi, nous présentons deux courses par week-end, avec deux catégories de pilotes et nos voitures sont un peu différentes mécaniquement, mais on a voulu apporter la même atmosphère que dans les événements NASCAR en Amérique du Nord. Un paddock familial et des courses de haute intensité, des voitures très colorées et beaucoup de bagarres en piste ».
Les voitures d’Euro NASCAR ressemblent aux voitures des séries nord-américaines mais elles contiennent plusieurs variantes. Son promoteur confie : « En Europe, on a l’habitude de voir de petites voitures. Pour une série NASCAR, il fallait des grosses voitures, qu'elles soient comme les voitures nord-américaines, sinon ça ne marcherait pas. Toutefois, en échelle de poids, la voiture d’Euro NASCAR fait seulement 1200 kilos, comme une petite Renault ! De plus, nous avons travaillé sur les châssis pour qu'elles soient vraiment adaptées aux circuits routiers, ce qui fait que ces voitures imposent du pilotage pur et il n’y a pas d’électronique ». Galpin ajoute : « une voiture de course est là pour donner du plaisir aux gens qui roulent dedans. Nos voitures ont d’ailleurs été sélectionnées 9 fois pour la Course des Champions. Michael Schumacher en était un grand fan, Petter Solberg et Tom Kristensen aussi. Ce sont des voitures au comportement très prévisible ».
Avec Jérôme Galpin, impossible de ne pas revenir sur l’échange, initié par Martin D’Anjou, Festidrag.TV et le GP3R, entre Vittorio Ghirelli (champion Euro NASCAR venu disputer l’événement trifluvien en août) et Raphaël Lessard (Top 6 à Oschersleben). Des pilotes qui ont dû apprivoiser les différences de règlement, mais surtout de voiture. « Nous connaissions les spécificités techniques des deux séries, on savait que ce serait difficile pour les pilotes concernés d’apprendre, tantôt la voiture de NASCAR Canada pour Vittorio, tantôt celle d’Euro NASCAR pour Raphaël. D’autant plus qu’ils découvraient l’environnement de chaque série. Mon bilan, en tant que promoteur de l’Euro NASCAR, est qu’ils ont tous deux très bien performé. En termes de freinage, de poids, de gestion des courses, notamment les pneumatiques, c’était un défi. C’est un peu comme faire du soccer et du rugby ! Au final, ça a été une super expérience pour les deux et ça ouvre l'esprit, ça permet de voir qu’un excellent pilote a son mot à dire dans les deux séries. Dans le passé, on avait déjà fait ça entre Jean-François Dumoulin et Frédéric Gabillon et c’est le genre d'opportunité qu'on veut pouvoir offrir à des pilotes ».
Inutile de dire que Jérôme Galpin souhaite donc revoir ce type d’échange : « En plus, le GP3R représente le meilleur événement pour ça. C’est l’épreuve phare en NASCAR Canada et il a lieu en août, époque où l’Europe est en vacances d’été ».
Les pilotes qui ont tenté leur chance d’une série à l’autre ont certes bien performé mais pas au point de dominer. Question de matériel, d’adaptation ? « Le niveau général est super élevé dans les deux séries » selon le promoteur de l’Euro NASCAR, qui ajoute : « quand tu vois un garçon comme Raphaël Lessard, c’est un grand talent qui a gagné aux États-Unis, en Craftsman Truck, et il a dû attaquer au maximum pour finir Top 6. Dans le passé, notre série a accueilli aussi Jacques Villeneuve. Il lui a fallu deux ans pour gagner une course. Nous avons aussi eu un ancien champion de NASCAR Cup, Bobby Labonte. Il a fait un seul podium, sur ovale. Je ne dis pas que notre série est meilleure qu’une autre mais je pense sincèrement que le niveau est très relevé et même les jeunes qui viennent de la monoplace ont besoin d’un temps d’adaptation car il faut maîtriser une voiture sans grande technologie, une voiture qui glisse en virage, sans électronique ».
En conclusion, on pourrait dire que l’Euro NASCAR a adopté des règles et une ambiance qui fonctionnent en Amérique du Nord aux réalités européennes. Jérôme Galpin conclut : « On avance en respectant les règles de base mais avec un concept qui nous est propre. Nous sommes très orientés vers les fans. Le fait aussi qu’on a toujours deux courses par événement est différent des autres séries NASCAR. On se positionne aujourd'hui comme la meilleure série de Voitures de Tourisme en Europe ».
Pour notre part, parmi les éléments forts intéressants de notre découverte de l’Euro NASCAR, un a spécialement piqué notre curiosité : quatre courses par week-end et par voiture, car il y a partage d’une seule auto entre pilotes professionnels et amateurs (deux courses chacun). Y aurait-il là une idée à copier pour le NASCAR au Canada, qui peine à attirer de nouveaux pilotes ces dernières années ?
Bilan 2025, débuts de Raphaël Lessard dans la série et actualité : Rencontre avec le promoteur de l’Euro NASCAR, Jérôme Galpin
Mercredi 15 octobre 2025 par Philippe Brasseur
Crédit photo: Bart Dehaese / NASCAR Euro Series