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2 octobre: Première course majeure sur l’aérodrome de Silverstone au Royaume-Uni en 1948

2 octobre: Première course majeure sur l’aérodrome de Silverstone au Royaume-Uni en 1948

Jeudi 2 octobre 2025 par René Fagnan
Crédit photo: silverstone.co.uk Source: Silverstone Classic; photo: SHL/BRDC

Crédit photo: silverstone.co.uk Source: Silverstone Classic; photo: SHL/BRDC

Avant de devenir un des hauts lieux du sport automobile international, le circuit de Silverstone n’était autre chose qu’un ancien aérodrome militaire désaffecté.

Durant la seconde guerre mondiale, l’aérodrome de Silverstone a été une des bases majeures des bombardiers britanniques. La guerre ayant pris fin en 1945, l’aérodrome fut fermé et laissé à l’abandon.

Lors de l’été 1947, un groupe d’amateurs de voitures a l’idée d’organiser une course sur cette installation en utilisant les pistes et les voies de circulation des avions.

Maurice Geoghegan, qui habite le village situé tout près de l’aérodrome, et 11 de ses amis disputent donc une course amicale sur une piste très sommaire et longue de 3,2 kilomètres. Durant l’épreuve, Geoghegan percute un mouton qui s’est accidentellement aventuré sur la piste. Le pilote n’est pas blessé, mais sa voiture est une perte totale. Comme le mouton.

Constatant l’intérêt provoqué par cette démonstration, le RAC (le Royal Automobile Club), loue pour une durée d’un an au ministère de l’air l’ancien aérodrome dans le but de présenter une véritable épreuve internationale.

Les responsables dessinent un circuit de 5,89 km qui a la forme d’un 8 écrasé avec, au centre, deux virages en épingle qui se font face (une configuration assez dangereuse, en effet…). La piste est délimitée par 170 tonnes de balles de paille et 250 barils d'huile. La course, qui invite plusieurs pilotes internationaux, porte le nom officiel de RAC International Grand Prix, car il ne s’agit pas d’une “Grande Épreuve” tel que défini par la FIA.

Un excellent texte relate cette course. « Silverstone avait la forme d’une sorte de huit déformé sur lequel les pilotes roulaient d’une voie d’accès à une autre à plusieurs endroits et fonçaient les uns vers les autres à plus de 300 km/h depuis les extrémités opposées de la même piste d’atterrissage. C'est un miracle que personne ne se soit percuté à une telle vitesse. Les installations étaient inexistantes. Il n'y avait pas de toilettes convenables, les hangars étaient en triste état, il y avait du verre brisé par terre, des barbelés, des débris d'avion éparpillés partout et il n'y avait pas vraiment de parking structuré, on s'arrêtait simplement là où on trouvait un bout de terrain ».

Une foule impressionnante assiste à l’événement

De grands noms sont inscrits à cette course tels que Louis Chiron et Louis Rosier (Talbot-Lago), Giuseppe Farina (Ferrari), Raymond Mays (ERA), ainsi que Reg Parnell, Luigi Villoresi, Roy Salvadori et Alberto Ascari, tous sur des Maserati.

Ce dimanche 2 octobre 1948, une foule estimée à 100 000 amateurs se presse tout autour du tracé pour enfin assister au grand retour du sport automobile international au pays. Les Maserati 4CLT d’usine ayant été retardées en route vers Silverstone, les qualifications sont dominées par le Monégasque Louis Chiron au volant de sa Talbot-Lago engagée par Écurie France. Il décroche la pole position avec un chrono de 2’56”0, soit une seconde de plus vite que le Suisse Emmanuel ‘Toulo” de Graffenried sur une Maserati privée.

La course prévue sur 65 tours démarre sous les applaudissements du public et le grondement des moteurs des 25 bolides. Si Graffenried démarre bien, il est rapidement doublé par les Maserati de Villoresi et Ascari. Chiron rencontre des ennuis mécaniques et perd des places. Il s’arrête pour que ses mécanos vérifient ce qui ne marche pas, et il abandonne sur boîte de vitesses grippée.

En tête, les deux pilotes Maserati ne sont pas inquiétés. Ils effectuent deux arrêts aux puits pour du carburant. Villoresi occupe la tête de la course avec une bonne avance sur son rival lorsqu’un incident bizarre survient. Le support de son tachymètre casse et le cadran tombe par terre et vient se loger derrière la pédale d’embrayage.

Villoresi ne connaît plus son régime moteur et doit changer les rapports sans utiliser l’embrayage. Il perd du temps, certes, mais parvient à croiser l’arrivée avec 14 secondes d’avance sur Ascari. Le Britannique Bob Gerard termine au troisième rang à deux minutes et trois secondes du vainqueur.

Deux ans plus tard, le 13 mai 1950, le premier Grand Prix du nouveau championnat du monde de Formule 1 est organisé sur le circuit de Silverstone rénové, nettoyé et au tracé corrigé.