L’Austalien Jack Brabham a réalisé un exploit unique dans les annales de la Formule 1 en remportant le titre de Champion du monde au volant d’une de ses propres monoplaces.
Né en 1926, Jack Brabham est un ancien ingénieur de vol de la Royal Australian Air Force quand il crée une petite entreprise d’ingénierie. Attiré par le sport automobile, il court d’abord chez lui en Australie avant de mettre le cap sur l’Europe. Recruté par l’écurie de F1 Cooper, il décroche deux victoires en route vers le titre mondial en 1959, et en ajoute cinq en 1960 pour obtenir un deuxième titre.
Brabham et un autre ingénieur australien, Ron Tauranac, créent Motor Racing Developments Ltd afin de produire des voitures de compétition. Entre 1962 et 1965, il pilote ses voitures de F1 propulsées par le moteur Coventry Climax V8 de 1500 cm3.
La règlementation de la F1 change pour 1966 et permet désormais l’utilisation de moteurs atmosphériques de trois litres. Devant l’absence de moteurs qui répondent à ce règlement, Brabham se tourne vers Repco, un fournisseur australien de pièces automobiles avec qui il collabore depuis plusieurs années. Repco et Brabham travaillent pour modifier des moteurs Oldsmobile F85 en alliage d’aluminium de 3,5 litres et utiliser des accessoires de série. Le vilebrequin, les pistons, les bielles, les soupapes et autres composantes proviennent de l’industrie automobile.
Si ce moteur n’est pas ultra puissant, il offre légèreté, un bon couple, de la fiabilité et un encombrement réduit. Question poids, c’est édifiant : le Repco ne pèse que 154 kilos alors que le nouveau Maserati V12 affiche un poids de 227 kilos !
Concevoir une voiture simple et fiable
Ron Tauranac dessine la BT19 destinée à recevoir le V8 Repco. Le châssis n’est pas une monocoque, mais un treillis en acier avec, une nouveauté, des tubes ovales qui ceinturent le cockpit pour une rigidité accrue. La boîte de vitesses est une Hewland HD (Heavy Duty) qui sera plus tard remplacée par une DG (Different Gearbox), plus robuste.
Habillée d’une carrosserie en plastique renforcie de fibre de verre, la BT19 pèse 567 kilos, soit seulement 68 de plus que le minimum requis par le règlement. Le V8 Repco consomme 40 litres d’essence aux 100 km, ce qui est nettement moins que la chiffre de 70/100 km pour les autres moteurs. Cela signifie que la BT19 ne transporte que 160 litres de carburant au début d’une course contre 250 pour les autres.
La saison 1966 de F1 ne compte que neuf Grands Prix. Lors du premier, disputé à Monaco, Brabham se qualifie 11e, mais abandonne à la suite du bris de sa transmission. À Spa en Belgique, il démarre en quatrième position et termine à la même place.
Durant l’été, Jack Brabham gagne quatre fois de suite : en France à Reims, en Grande-Bretagne sur le tracé de Brands Hatch, à Zandvoort aux Pays-Bas et en Allemagne sur le long Nürburgring.
À ce moment-là, Brabham est premier au championnat avec 39 points devant Graham Hill (17 points) tandis que John Surtees et Jochen Rindt sont à égalité avec 15 points.
Le titre se joue à Monza en Italie. Si Brabham abandonne dès le septième tour à cause d’une fuite d’huile, ses rivaux connaissent des ennuis. Hill ne prend même pas le départ de la course (arbre à cames cassé), Surtees quitte la scène à cause d’une fuite d’essence et Rindt doit se contenter d’une quatrième place à l’arrivée.
Les 39 points de Brabham suffisent pour lui procurer un troisième titre mondial. C’est la première et unique fois dans l’Histoire de la F1 qu’un pilote remporte le titre au volant d’un bolide de sa conception et de sa fabrication. De plus, Brabham a réalisé cet exploit avec un moteur qui était issu de la production automobile et non pas un véritable engin de course ! Chapeau !
4 septembre: Jack Brabham devient le premier et le seul pilote à remporter le titre F1 avec sa voiture
Jeudi 4 septembre 2025 par René Fagnan
Crédit photo: Galeron