La carrière sportive d’Emerson Fittipaldi a été écrite en trois chapitres : au sommet de la Formule 1 avec deux titres, aux enfers de la F1 avec Copersucar et le succès en Amérique en série CART/IndyCar.

Après avoir tout gagné dans son Brésil natal, Emerson Fittipaldi a tenté sa chance en Grande-Bretagne en 1969 et s’est vite fait remarquer par Jim Russell qui a conseillé à Colin Chapman de Lotus de le recruter. Fittipaldi a remporté son premier titre mondial en 1972 avec Lotus et l’a décroché une autre fois en 1974 avec McLaren. En entre 1970 et 1975, il a gagné 14 Grands Prix et il était un véritable dieu au Brésil, aussi populaire que le roi Pelé.

Il a ensuite rejoint son frère Wilson dans l’aventure Copersucar et une voiture de F1 entièrement brésilienne. Ce fut la descente aux enfers. “Emmo” a donc couru jusqu’en 1980 pour cette petite structure sous financée, mal organisée et située très loin des fournisseurs britanniques. Bref, cinq saisons de F1 gâchées à courir en fond de grille. En 1982, l’écurie Fittipaldi ferme ses portes et Emerson revient au Brésil.

Il court en karting dans son pays, mais il s’ennuie terriblement du pilotage sur des circuits. En 1984, il renoue avec les voitures lors du Grand Prix de Miami de la série IMSA. Il pilote une March 83G à moteur V8 Chevrolet de 600 chevaux. Il prend le volant avec deux heures et quart à faire en course et a presque rattrapé les meneurs quand l’arbre primaire de la boîte de vitesses casse net, ce qui cause son abandon. Mais Emerson a le sourire aux lèvres. Il a adoré l’expérience.

Son goût de revenir dans l’action est trop fort. Quelques écuries de la série CART/IndyCar le contactent après Miami. GTS Racing lui fait disputer trois courses au volant d’une March-Cosworth. Puis, HR Racing lui fait faire deux courses à bord d’une March-Cosworth. Lors du Michigan 500, Chip Ganassi, pilote de l’écurie de Patrick Racing, est victime d’un gros accident. Pat Patrick contacte Fittipaldi et lui offre ce volant. Il dispute quatre courses et obtient une quatrième place sur le tracé de Mid-Ohio.

Fittipaldi gagne sa première course sur un ovale

En 1985, Fittpaldi signe un contrat pour toute la saison pour conduire une March 85C-Cosworth DFX commanditée par les dépanneurs 7-Eleven. Et ça commence de belle façon. Fittipaldi est deuxième à Long Beach, troisième à Portland et deuxième encore à Meadowlands.

Le 28 juillet, Fittipaldi affronte l’intimidant super ovale du Michigan, long de deux milles (3,219 km) dans une épreuve étourdissante de 200 tours. Il se qualifie au 19e rang et prend le départ sous un soleil radieux et une température chaude.

La lutte pour la tête oppose Mario Andretti à Danny Sullivan. Puis, c’est Al Unser père de l’écurie Penske qui domine les débats, menant durant 102 tours. Plus tard, une série d’accidents neutralisent la course et impliquent Danny Ongais, Josele Garza et Pancho Carter.

Au 201e tour, Fittipaldi, patient et économe de sa monoplace, prend la tête pour la première fois. Quand il s’arrête aux puits au 211e passage, Al Unser reprend la commande la course et s’arrête pour du méthanol alors qu’il ne reste que 19 tours à parcourir.

À 12 tours de la fin, Steve Chassey explose son moteur, ce qui cause une autre neutralisation. Unser s’arrête et fait monter un train de pneus neufs, mais rejoint le peloton en dernière place.

Il ne reste que sept tours à faire quand la suspension et la roue avant droite de la voiture de Mario Andretti casse. La monoplace s’écrase contre le mur du virage 4 et Mario souffre de fractures à la clavicule et au bassin.

Le vert est agité pour un dernier tour. Fittipaldi est protégé d’Unser par les voitures des retardataires Tom Sneva et de Johnny Rutherford. Le Brésilien reste calme et remporte la victoire devant Unser et Sneva, de l’équipe Gurney-Curb Racing, troisième et qui accuse un tour de retard.

La dernière victoire majeure de Fittipaldi remontait au 19 juillet 1975, 10 ans auparavant avec sa victoire au Grand Prix de Grande-Bretagne au volant d’une McLaren M23-Ford.