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Rétro 1992 : Les 500 milles d’Indianapolis marqués par plusieurs accidents, dont celui de Nelson Piquet

Rétro 1992 : Les 500 milles d’Indianapolis marqués par plusieurs accidents, dont celui de Nelson Piquet

Mercredi 3 mai 2023 par René Fagnan
Crédit photo: YouTube

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Le mois de mai est celui de l’Indy 500. L’édition 1992 des 500 milles d’Indianapolis a été marquée par une série d’accidents majeurs, dont un qui a coûté la vie à un jeune pilote.

Le mois de mai 1992 a été notamment froid en Indiana, ce qui a passablement compliqué les essais, les qualifications et la course de 500 milles. Plusieurs pilotes - Pancho Carter, Hiro Matsushita, Rick Mears, Jeff Andretti et Nelson Piquet - ont été blessés dans ces accidents, mais la recrue Jovy Marcelo des Philippines a perdu la vie à la suite d’un impact violent avec le mur en béton.

Nous nous attarderons ici au cas de Nelson Piquet père, car il illustre son immense résistance à la douleur et sa prodigieuse détermination à guérir; ce que plusieurs pilotes automobiles ont dû affronter au cours de leur carrière.

Même s’il possède un palmarès impressionnant avec 23 victoires en F1 et trois titres de Champion du monde, Nelson Piquet est alors une recrue à Indianapolis. Il a disputé son dernier Grand Prix fin 1991 et s’attaque à un nouveau défi aux États-Unis : il désire disputer l’Indy 500.

En mai 1992, il est aux commandes d’une Lola-Buick inscrite par l’écurie de John Menard, un riche industriel à la tête d’un des plus importants réseaux de quincailleries aux États-Unis.

Le Brésilien, alors âgé de 39 ans, s’est rapidement habitué à piloter sur le super ovale d’Indianapolis, long de 2,5 milles et aux virages relevés. Il est à l’aise et devient la recrue la plus rapide de la première semaine d’essais avec une vitesse moyenne de 228,571 m/h (367,77 km/h). Cependant, Piquet se plaint du nombre élevé de drapeaux jaunes déployés durant les séances. Il est passablement agacé, car cela perturbe son travail d’apprentissage, incapable d’effectuer de longs relais en piste.

Une coûteuse erreur de pilotage à 400 km/h

Le 7 mai, il roule à nouveau. « La voiture était très facile à piloter. C’était à fond partout » a raconté Piquet dans une entrevue accordée au Club Ferrari de Riga. « Mais à près de 400 km/h, c’est une voiture aérodynamiquement très délicate à piloter. Dès qu’on s’arrête durant les essais, on perd du temps. Les conditions climatiques changent et la voiture ne réagit plus de la même façon » ajoute-t-il.

Piquet détient le cinquième meilleur temps quand soudainement, dans le virage 4, sa voiture effectue un tête-à-queue et percute le mur de protection de face à haute vitesse. Les équipes d’interventions arrivent sur place et les secouristes, dirigés par le Dr Terry Trammel, prennent une bonne dizaine de minutes à extraire le Brésilien de son épave.

Que s’est-il passé ? Alors qu’il roulait, les officiels de l’USAC auraient aperçu une pièce métallique sur la piste. Ils ont alors allumé les feux jaunes. Toutefois, Piquet, excédé par toutes ces neutralisations, aurait décidé de continuer de rouler à fond de train jusqu’à l’entrée des puits.

« [Quand j’ai vu les feux jaunes] j’ai vite fait un calcul mental et je savais que si j’entrais tout de suite dans les puits, je pourrais ressortir une autre fois en piste. J’amorçais alors le virage 4 et j’ai levé le pied de l’accélérateur pour entrer dans les puits et la voiture m’a échappé. Le choc fut terrible » d’ajouter Piquet.

Le Brésilien est immédiatement transporté à l’hôpital Methodist où les médecins lui diagnostiquent de graves fractures aux pieds, aux chevilles et aux jambes en plus d’une sévère commotion cérébrale.

À un certain moment, on redoute de devoir l’amputer des deux jambes. Mais grâce à un travail de chirurgie extraordinaire, incluant l’installation de tiges métalliques et des greffes de peau douloureuses, les médecins le tirent d’affaire. Plusieurs opérations chirurgicales sont nécessaires pour "refaire" ses membres inférieurs réduits en miettes.

Le pilote brésilien passe plusieurs jours aux soins intensifs et est maintenu sous l’effet de puissants sédatifs. Piquet serre les dents et endure des douleurs atroces. Il n’a qu’un seul objectif : celui de piloter à nouveau.

Puis, la pénible phase de rééducation commence. Et Nelson serre encore les dents et effectue tous les exercices requis. Il a conservé ses pieds, mais ils ne sont plus aussi fonctionnels qu’ils l’étaient avant l’accident. Marcher le fait souffrir et descendre des escaliers lui est pratiquement impossible.

Au fil des mois, sa santé s’améliore et un an après son accident, il est de retour à Indianapolis ! Aux commandes d’une Lola-Buick de John Menard, Piquet se qualifie sur la cinquième ligne de départ, mais abandonne au 38ème tour à cause du bris de son moteur V6 turbo.