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Rétro 2011 : Alexandre Tagliani installe sa Dallara-Honda en pole position pour les 500 milles d’Indianapolis

Rétro 2011 : Alexandre Tagliani installe sa Dallara-Honda en pole position pour les 500 milles d’Indianapolis

Mercredi 25 mai 2022 par René Fagnan
Crédit photo: Archives Pole-Position

Crédit photo: Archives Pole-Position

Le 21 mai 2011, le pilote québécois Alexandre Tagliani est devenu le premier Canadien à décrocher la pole position pour l’une des courses automobiles les plus mythiques, les 500 milles d’Indianapolis.

Cette année-là, les festivités vont bon train, car il s’agit du 100ème anniversaire de l'Indy 500, disputé pour la première fois en 1911. La course est une manche de la série IndyCar Izod et est réservée aux bolides de la série IRL.

Alex Tagliani est inscrit à bord d’une Dallara à moteur Honda portant le numéro 77 appartenant à Sam Schmidt Motorsports. "Tag" avait participé à deux éditions de cette course auparavant, terminant en 11ème place en 2009 et 10ème en 2010. « Je n’avais jamais mis les pieds au super ovale d’Indianapolis avant 2009. Je courais alors en ChampCar et cette série ne disputait pas l’Indy 500. Tout le monde m’en parlait et je ne voulais surtout pas voir ce que je manquais » nous raconte Tagliani.

Indianapolis est un endroit très spécial, chargé de légendes et de traditions. « Si tu mets la voiture par terre et qu’elle roule vite, c’est à la fois satisfaisant, mais inquiétant aussi, car tu sais que tu vas disputer la pole position et que tu vas devoir piloter une voiture de plus en plus instable » ajoute-t-il.

Cette année-là, trois écuries majeures, soit une dizaine de voitures, dominent : Andretti, Ganassi et Penske. Sam Schmidt n’a qu’une seule voiture et ne peut donc pas faire tester différentes solutions techniques et aérodynamiques sur d’autres bolides. Toutefois, dès les premiers essais, Tagliani figure parmi les plus rapides. « Dès les premiers essais, on constate de voiture est vraiment rapide. On commence à "trimmer" la voiture [c’est-à-dire de diminuer les appuis aérodynamiques] et c’est à ce moment que tu te rends compte que tu es vraiment proche de la limite. On mode course, on est à +2 degrés d’ailerons, tandis que là, nous étions à -8 degrés. On la "trimmait" et elle était toujours bonne mécaniquement » raconte Tagliani.

Samedi 21 mai, une première séance de qualification au lieu et les 24 plus rapides sont automatiquement qualifiés. Puis, c’est un "Shootout" mettant aux prises les neuf plus rapides pour décrocher la pole position. « Le ciel est gris et il vente beaucoup. Je suis dans les premiers à me qualifier. Je fais un bon temps à 226,954 milles/heure, bon pour la première place en fait » poursuit Tagliani. « Puis, je regarde les autres concurrents rouler. J’observe la colonne de chronométrage et le numéro 77 reste accroché en haut, en première place » ajoute-t-il.

Les trois voitures Penske ne sont pas dans le top 9. Le 77 demeure au sommet de la colonne. Ryan Briscoe et Helio Castroneves ne sont pas dans le top 9. « Les autres gros noms ne sont pas arrivés à battre mon temps. "On est dans la game" me suis-je dis » indique Alex. Les neuf plus rapides s’affrontent maintenant pour la pole position. Ils prennent la piste dans l’ordre inverse de leur classement durant la séance précédente, ce qui signifie que Tagliani effectuera ses quatre tours chronométrés en dernier.

Encore un peu moins d’appui aérodynamique

« Je demande à mon ingénieur, Alan McDonald, jusqu’où peut-on aller avec l’aileron arrière ? Il me dit qu’il n’est pas nécessaire de l’abaisser encore plus. Il n’est pas nécessaire de rouler encore plus vite les lignes droites; le plus important est que la voiture demeure vraiment stable dans les virages. On a quand même "trimmé" un peu plus la voiture » précise Tag.

Le "Shootout" commence. « Scott Dixon réalise un super chrono à 227,340 m/h. Je sais que je vais devoir rouler plus vite que précédemment pour arriver à battre le temps de Dixon » souligne Alex.

Oriol Servia réalise une vitesse de 227,168 m/h, Will Power est à 226,773, Dan Wheldon fait un 226,490, Ed Carpenter un 225,121. « C’est à mon tour. Je prends la piste et à plus de 200 m/h, le dessous de la voiture talonne durement par terre. Je réalise à quel point elle est basse et que le pire qui peux arriver est qu’elle sous-vire. J’ai le drapeau vert et j’entre dans le virage 1 à fond. Le son du moteur baisse juste d’un petit ton même si j’avais atteint 241 m/h sur la ligne droite. Ça me donne une confiance incroyable pour les trois autres courbes. Je fais mon premier tour chronométré à 228 m/h de moyenne. Mes deux premiers tours sont plus rapides que ceux de Dixon, mais j’en perd un peu lors des deux derniers » raconte-t-il.

« Je n’ai aucune idée de mes temps en comparaison de ceux de Dixon. À la radio, je demande au team manager si on a fait la pole position. Sauf qu’en même temps, il appuie sur le bouton de sa radio pour me dire que je suis en pole. Je n’entends donc pas son message. Il n’y a qu’un silence… Ça me décourage d’un coup… Je suis certain d’avoir raté la pole. Je sors du virage 2 et j’entends cette fois à la radio les mécanos qui crient de joie. Il me dit finalement "Tu es en pole position pour l’Indy 500 !". Je verse une larme. Je n’en revenais pas que nous, une équipe à une seule auto, ayons battu les trois grosses écuries » relate Tagliani.

L’écart qui sépare Tagliani de Dixon est infime. Tag a réalisé une moyenne de 227,472 m/h contre 227,340m/h pour Dixon. Tagliani a mis 2’38”2613 pour effectuer ses quatre tours de piste contre 2’38”3528 pour Dixon, soit un tout petit dixième de seconde !

« On a travaillé très dur pendant deux semaines. On a pris des risques en "trimmant" l’auto. Nous savions que cette chance unique de décrocher la pole position ne se représenterait peut-être jamais. Il fallait le faire à ce moment-là, point final. Tout devait être parfait : un moteur puissant, la bonne huile, la bonne graisse des roulements, bonne pression des pneus, carrosserie parfaitement ajustée, bons rapports de boîte pour les conditions de piste, etc. Ça demande énormément de travail. C’est comme de passer un gros examen final à l’université » termine Tagliani qui raconte cette journée avec fierté.