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Historique Maserati en sport automobile : Partie 3 - Les années Endurance et la Tipo 54

Historique Maserati en sport automobile : Partie 3 - Les années Endurance et la Tipo 54

Samedi 22 janvier 2022 par Marc Cantin
Crédit photo: Maserati Media

Crédit photo: Maserati Media

Maserati décide en 1954 de mettre toute la gomme dans le championnat mondial d’endurance en créant la 450S, dite Tipo 54, une machine super puissante pour l’époque et équipée du plus gros moteur jamais fabriqué par la maison Italienne, un V8 moderne de 4,5 litres délivrant 420 chevaux et propulsant les 790 kilos de la voiture au-delà des performances de la concurrence.

Le projet est interrompu en 1955 à la suite du terrible incident au Mans en juin (84 morts et plus de 200 blessés) puis ressuscité par une commande de moteurs d’une équipe américaine. Au total, Maserati a bâti 9 machines et se lance à fond en 1957 au niveau mondial avec des pilotes comme Juan Manuel Fangio, Stirling Moss, Jean Behra et Harry Schell, et en Amérique avec Carroll Shelby, Jim Hall, Lloyd Ruby, Masten Gregory et Jim Rathmann.

Le premier moteur 450S est installé dans le châssis 350S numéro 3501 et renuméroté 4501. Lors de ses débuts en course à Buenos Aires, les pilotes de Grand Prix Stirling Moss et Juan Manuel Fangio ratent la victoire en raison de problèmes de boîte de vitesses. Cet échec est vite compensé à Sebring (photo ci-dessus), où les 450S terminent première et deuxième, devant Jaguar et Ferrari, avec Juan Manuel Fangio et le Français Jean Behra aux commandes.

Après la victoire à Sebring, le même Jean Behra brise la machine avant le départ des Mille Miglia puis durant les 24 Heures du Mans. Une autre 450S inscrite aux Mille Miglia pour Moss et le journaliste Dennis Jenkinson, les gagnants en 1955 sur Mercedes, brise sa pédale de frein à 10 kilomètres du départ et abandonne. Une roue se sépare ensuite de la voiture au Nürburgring avec Moss, partageant le volant avec Fangio, aux commandes. Puis la voiture est vendue à une équipe américaine. Une autre 450S est détruite deux fois avant le départ de la Targa Florio par Behra.

À la clé, Maserati termine deuxième au championnat du monde des voitures sport en 1957, derrière Ferrari et malgré le manque total de chance et de fiabilité de la 450S et le programme non planifié d’essais destructifs de Jean Behra. Un pilote rapide mais manifestement quelque peu hors de tout contrôle.

Au total, 119 courses entre 1956 et 1962 ont permis d’accumuler 31 victoires, alors que Maserati a abandonné sa participation officielle après que toutes les 450S inscrites au Championnat du monde ne soient détruites en Suède en 1957.

À signaler par ailleurs qu’une Maserati Coupé 4501 a été développée pour Le Mans en 1957. Ce fut la seule Maserati 450S équipée d'une carrosserie Coupé et portant le nom de 450S Costin-Zagato. Elle abandonne cette course sur bris mécanique. Après cette contre-performance, elle a été recarrossée avec plus d’espace intérieur et utilisée comme Supercar routière. Elle était pilotée au Mans par Juan Manuel Fangio et Jean Behra, qui occupèrent la 2ème place avant que la boîte de vitesses ne cède. 

Les Tipo 60 et 61

Une définition du mot "panique" dit qu’il s’agit de redoubler ses efforts après avoir perdu de vue ses objectifs. La débandade de la 450S laissait Maserati en mal d’image et de budget pour redorer son blason en course. La direction ordonne alors le développement des Tipo 60 (2 litres) et 61 (3 litres) dites "Birdcage" pour leur châssis en treillis de petits tubes en alliage acier de chrome-molybdène. 4130 furent produites de 1959 à 1961 pour les équipes privées.

Stirling Moss participa au développement de la voiture et après avoir fait refaire le châssis en tubes plus solides et fiabilisé le groupe propulseur, la machine jouit d’une belle carrière malgré une faiblesse persistante de la boîte fournie par le spécialiste Colotti. Moss revivra en Formule 1 des problèmes de fiabilité des boîtes Colotti dans la première Cooper-Climax Type 54 de Rob Walker, avant de constater que les machinistes anglais lisaient mal les plans fournis par le fabricant italien !

Avec 200 chevaux bien coupleux pour pousser ses 600 kilos, la Tipo 61 remporta de belles victoires dans les mains de Stirling Moss et Dan Gurney, puis de Lucky Casner et Masten Gregory avec l’équipe éponyne Casner Motor Racing Division (CAMORADI), surtout aux 1000 km du Nürburgring, en 1960 (photo ci-dessous) et 1961.

La Tipo 60/61 a participé à 71 courses de 1959 à 1962, dont seulement 13 au niveau mondial où elle a accumulé un total de 10 victoires. C’était une voiture pas chère, facile à piloter et jouissive. Certainement un succès pour le fabricant après les déboires de la 450S.  

Mais tout n’était pas rose pour autant : Maserati retira son équipe officielle de la course automobile après la tragédie de Guidizzolo lors des Mille Miglia 1957, alors que la suspension avant de la Ferrari pilotée par le marquis Alfonso de Portago se brisa. La voiture quitta alors la route à haute vitesse à quelques kilomètres de l'arrivée de la course à Brescia, elle tua dix spectateurs, son navigateur Ed Nelson et d’Alfonso de Portago lui-même.

La maison continua cependant à fournir des voitures de course à des équipes privées, tout en se tournant de plus en plus vers la construction quasi exclusive de voitures routières de grand tourisme. Il faudra attendre le 21ème siècle pour revoir des Maserati croiser en vainqueur la ligne d’arrivée d’événements de sport automobile…

Crédit photo: Maserati Media