Double Champion du monde de Formule 1, l’Écossais Jim Clark a remporté sa dernière victoire en F1 le 1er janvier 1968. Quelques mois plus tard, il perdait la vie dans un accident survenu lors d’une course de Formule 2 tenue sur le long tracé de Hockenheim en Allemagne.

La saison 1968 du Championnat du monde démarre le 1er janvier avec le Grand Prix d’Afrique du Sud disputé sur le tracé de Kyalami. C’est la première de 12 manches ; une saison relativement courte. Et à cette époque, il n’était pas rare que des courses soient disputées aussi tôt dans l’année, même un 1er janvier.

Clark, Champion du monde en 1963 et 1965 et vainqueur des 500 Milles d’Indianapolis en 1965, et son compère Graham Hill sont aux commandes des superbes Lotus 49-Ford. Sur la photo ci-dessus, on voit Clark en compagnie de Colin Chapman, le patron du Team Lotus.

C’est justement Clark qui inscrit la pole position, sa 33e en carrière. Clark, qui dispute son 72e Grand Prix, a négocié les 4,104 km du circuit en 1’21”600 et devance Hill par une seconde pleine et Jackie Stewart sur une Matra MS9-Ford qui réalise un temps de 1’22”700. L’Autrichien Jochen Rindt, qui conduit une Brabham BT24-Repco, se qualifie au quatrième rang avec 1”4 de retard sur Clark.

Une foule estimée à quelque 100 000 spectateurs se rassemble le jour de la course dans les tribunes éparpillées autour du circuit. Il règne une chaleur étouffante et pour cette raison, les mécanos du Team Lotus ont installé un ingénieux système afin de refroidir l’essence avant qu’elle ne soit vaporisée dans les cylindres. Étonnamment, aucune autre écurie n’a songé de faire de même.

Le talent de Clark et la supériorité de sa Lotus laissent peu d’espoir à leurs rivaux. La seule chance de battre l’Écossais est qu’il soit victime d’un bris mécanique, ce qui arrive quand même assez souvent avec les fragiles Lotus de Chapman.

Par contre, rien ne se passe comme prévu au départ. Clark est doublé par Stewart et Hill. Clark sait qu’il dispose d’une voiture supérieure aux autres et il double Stewart pour mener les débats au second tour. Les deux Écossais sont extrêmement rapides et ils se sauvent du reste du peloton.

Un doublé Lotus

Pendant ce temps, Hill, qui a chuté au septième rang après son départ-canon, effectue une belle remontée. Il double ses adversaires un par un et roule en troisième place dès le 13e passage. C’est à ce moment que Stewart connaît des ennuis mécaniques. Il se fait doubler par Hill puis abandonne au 44e tour sur bris d’une bielle qui défonce le bloc de son moteur Ford-Cosworth DFV.

Treize voitures sur les 23 au départ subissent des ennuis techniques, souvent causés par l’intense chaleur. Par exemple, l’essence se vaporise avant d’être injectée dans le moteur, ce qui cause des coupures intempestives.

Clark et Hill se baladent en tête jusqu’au baisser du drapeau à damier au 80e tour. Clark remporte la victoire avec une avance de 25”3 sur Hill et 30”4 sur Rindt.

Chris Amon (Ferrari), Denny Hulme (McLaren) et Jean-Pierre Beltoise (Matra) complètent le top 6 les six qui marquent des points au championnat.

Pour Clark, c’est une 25e victoire en F1, son 32e podium et son 28e tour le plus rapide en course. Il réalise aussi la 30e victoire du Team Lotus et la cinquième du moteur V8 Ford Cosworth. Avec cette 25e victoire, Clark bat le record établi par Juan Manuel Fangio 11 ans auparavant.

Si cette course ne fut pas des plus excitantes, elle demeure dans les annales de la F1 comme le dernier Grand Prix auquel a participé Jim Clark. Puisqu’il y avait une pause de quatre mois entre la course d’Afrique du Sud et le Grand Prix suivant, présenté le 12 mai en Espagne. Clark a donc participé à différentes épreuves.

Le 7 avril, il s’est retrouvé aux commandes d’une Lotus de Formule 2 à Hockenheim. Durant cette course tenue par un temps maussade et froid, sa Lotus a fort probablement été victime d’une crevaison et a percuté les arbres en bordure de piste, tuant Clark instantanément.

Suite à cette tragédie, Colin Chapman demanda alors à Mike Spence de disputer les 500 Milles d’Indianapolis au volant de la Lotus que Clark devait normalement piloter. Durant l’après-midi du 7 mai, Andy Granatelli a demandé à Chapman si Spence pouvait tester la Lotus No. 30 de Greg Weld. À pleine vitesse, Spence a raté une sortie de virage et la Lotus a percuté le mur de béton. La roue avant droite a violemment frappé son casque. Victime de graves blessures à la tête, Spence est décédé en soirée à l’hôpital.

Le Team Lotus venait de perdre deux pilotes en seulement un mois... Le sport automobile était décidément extrêmement cruel à cette époque.