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Première course IRL à Orlando en 1996 et un vainqueur peu connu, Buzz Calkins

Première course IRL à Orlando en 1996 et un vainqueur peu connu, Buzz Calkins

Mercredi 27 janvier 2021 par René Fagnan
Crédit photo: Archives Indy Racing League

Crédit photo: Archives Indy Racing League

Le sport automobile américain a connu des moments bien pénibles au milieu des années 90 avec une scission au sein des écuries IndyCar. Certaines étaient demeurées fidèles au championnat CART tandis que d’autres avaient choisi de participer à nouvelle série mise sur pied par des dirigeants de l’Indianapolis Motor Speedway.

Il n’y a jamais eu de grand amour entre Tony George, le grand patron du circuit d’Indianapolis, et l’organisation CART. Les frictions et les sujets de discorde étaient nombreux, surtout à propos des 500 Milles d’Indianapolis. Cette épreuve mythique représentait une vitrine médiatique unique pour les écuries CART, mais son organisation était la seule à ne pas être entièrement soumise aux règlements techniques et sportifs de CART.

La goutte qui fit déborder le vase fut la création de l’Indy Racing League (IRL) par Tony George et sa décision de réserver 25 des 33 places au départ de l’Indy 500 de 1996 à des participants de l’IRL. De plus, George ajouta que l’Indy 500 de 1997 serait interdit aux voitures propulsées par les moteurs CART. La guerre était donc déclarée et les écuries de monoplaces américaines durent choisir leur camp : soit CART, soit IRL.

L’IRL disposait d’avantages solides, comme un contrat exclusif de télédiffusion de ses événements par la chaîne ABC et la propriété de l’Indy 500 ; la course la plus importante de la saison, que ce soit pour les bourses versées ou sa visibilité médiatique.

Par contre, l’IRL n’a pas attiré les grandes vedettes que sont les Unser, Andretti, Rahal et Fittipaldi, demeurés fidèles à la série CART. L’IRL devait donc compter sur des noms beaucoup moins connus comme Arie Luyendyk, Roberto Guerrero, Tony Stewart, Eddie Cheever et Scott Brayton. À l’exception de Luyendyk et Guerrero, aucun pilote de l’IRL n'avait remporté une victoire en IndyCar.

La première épreuve de la série IRL est prévue le 27 janvier 1996 sur le triovale d’un mille du Walt Disney World Speedway. Situé à Orlando en Floride, ce tracé a été construit en quelques mois au coût de six millions de dollars. Les écuries arrivent au circuit et débarquent les monoplaces qui sont, en majorité, d’anciens bolides de la série CART, incluant même d’antiques Lola 93 motorisées par des moteurs V6 Menard ou Buick. Buddy Lazier décroche la pole position à la vitesse moyenne de 181,399 m/h et un tour éclair réalisé en 19,847” devant Guerrero (178,130 m/h) et Luyendyk (177, 296 m/h).

La course, d’une distance prévue de 200 tours, démarre devant une foule estimée à 51 000 personnes. Certaines sources affirment que plusieurs billets pour assister à l’épreuve étaient inclus dans les forfaits de visiteurs du Walt Disney World Resort.

Lutte à finir pour la victoire

Luyendyk mène la meute durant les premiers tours avant que Tony Stewart le double. Pour ce dernier, il s’agissait de sa toute première course au volant d’une monoplace ! Pendant ce temps, plusieurs concurrents abandonnent sur des bris mécaniques et des accidents.

Un pilote américain de Denver et ancien concurrent de la série Indy Lights, Buzz Calkins, effectue une solide remontée aux commandes de la Reynard 95I à moteur Ford Cosworth XB (identique à celle que Jacques Villeneuve a mené à la victoire aux 500 Milles d’Indianapolis l’année précédente) de l’écurie Bradley Motorsport.

Qualifié cinquième, Calkins double successivement Scott Sharp, Guerrero, Luyendyk et enfin Stewart au 66e tour pour prendre la commande. Après son arrêt aux puits, Calkins est premier avec 15 secondes d’avance sur Stewart et 17 sur Guerrero, un ancien pilote de Formule 1.

En fin de parcours, Calkins possède une avance de seulement trois secondes sur Stewart, lui qui allait devenir quelques années plus tard une des grandes vedettes de la série Sprint de NASCAR. Mais au 189e passage, Sharp et Cheever s’accrochent, causant une neutralisation. Si Calkins évite facilement les deux épaves, Stewart doit presque s’arrêter pour zigzaguer entre les nombreux débris et les camions d’intervention. Il a si peu d’espace pour manœuvrer que sa monoplace racle le mur de béton, ce qui coupe un pneu et plie un aileron avant.

Le vert est agité avec seulement six tours à compléter. Malgré la piètre tenue de route de sa monture, Stewart ne lâche rien et harcèle Calkins jusqu’au drapeau à damier. Calkins récolte la victoire avec une mince avance de 0,886” sur Stewart et deux tours (oui, deux tours, pas deux secondes !) sur Robbie Buhl et Michel Alboreto, l’ancien pilote Ferrari en F1. Seulement neuf pilotes parviennent à rallier l’arrivée.

Cette victoire de Calkins fut sa seule en six ans en série IndyCar. Après avoir accroché son casque pour de bon en 2001, il se tourna, avec succès, vers le monde des affaires.