Les premières éditions du Daytona 500 ont été marquées par des faits réellement peu ordinaires et qu’on peut difficilement concevoir aujourd’hui.

Le stock-car était naissant et la création d’un organisme professionnel destiné à gérer les courses et à sanctionner les événements, NASCAR, allait projeter cette discipline de sport automobile dans une nouvelle dimension.

Un des pilotes qui ont vécu ces premières années de NASCAR est Tom “Tiger” Pistone. Avouons que s’appeler Pistone et faire de la course automobile est assez ironique. Cet ancien pilote de NASCAR originaire de Chicago a effectué ses débuts en série Grand National en 1955. Il est toujours actif dans le milieu du stock-car avec son commerce de pièces de performance et conseille les jeunes coureurs.

“Tiger“, déjà un pilote de stock-car émérite, a disputé la toute première édition du Daytona 500 en 1959. « Notre première visite au nouveau Daytona International Speedway a été un véritable choc. C’était tellement immense. Le banking presque vertical nous sautait au visage ! » déclare-t-il dans un podcast.

Pistone conduisait une Ford Thunderbird 1959. Afin de profiter d’une meilleure vitesse maximale, il roulait avec les vitres latérales fermées afin de limiter les perturbations aérodynamiques. Lui et les autres pilotes qui n’avaient jamais roulé sur un super ovale auparavant ont alors découvert les bénéfices du phénomène d’aspiration.

« Durant les essais, je sens qu’une voiture me suis de très près. C’est Curtis Turner. Et je me rends compte que ma vitesse augmente. À deux, nous doublons ainsi plusieurs voitures. À un autre moment, Lee Petty roule derrière un peloton d’une quinzaine de bolides. Aidé par un autre compétiteur, il double tout le monde en roulant au milieu du peloton. L’air déplacé était si perturbé que certains ont effectué des tête-à-queue » ajoute-t-il.

Une course gérée par l’usure des pneus

Pistone s’est qualifié au cinquième rang après avoir été le plus rapide durant la première semaine d’essais. « J’ai mené la course durant pas mal de tours. Cependant, le manufacturier de pneus n’avait pas correctement estimé la vitesse d’usure des pneus qui n’étaient large que de quatre pouces (10 cm). Si on roulait à 140 milles/heure (225 km/h) de moyenne, on détruisait les pneus et le capot se mettait à vibrer effroyablement. Lee Petty a vite compris cela. Il s’est maintenu à 120 m/h (195 km/h), a économisé ses pneus et a gagné la course ».

Pistone a terminé l’épreuve de 200 tours en huitième place avec cinq tours de retard. Plus tard durant la saison, Pistone a décroché deux victoires pour terminer au sixième rang au classement des pilotes de la série NASCAR Grand National.

L’année suivante, en 1960, Pistone et les autres compétiteurs commencent la saison à Daytona. Durant la course de consolation du Daytona 500, Tommy Irwin est victime d’un accrochage et sa voiture file directement dans le lac Lloyd situé à l’intérieur de l’ovale. Le bolide plonge dans l’eau et s’enfonce doucement. Avec soulagement, Irwin réapparaît à la surface et par chance il n’est pas blessé.

« On ne voyait presque plus la voiture » raconte Pistone. « Comme toutes les autres T-Birds, celle d’Irwin était scellée. L’eau s’y infiltrait donc très doucement, mais il [Irwin] avait retiré la manivelle qui abaissait la vitre latérale de sa portière ! Il l’avait posé par terre. Il a donc dû la chercher pendant que sa voiture coulait ! Il l’a récupérée, descendu la vitre et s’est finalement extrait de sa voiture ».

L’incident a fortement perturbé Pistone. « Je ne savais pas nager… Je suis allé dans un magasin spécialisé à Daytona Beach acheter une veste de flottaison et une bouteille d’air comprimé de plongée sous-marine avec son détenteur. J’ai disputé le Daytona 500 avec le masque de plongée sur le visage ! »

Sa course s'est assez bien déroulée, mais alors qu’il ne restait que deux tours à parcourir, sa Chevrolet a percuté le mur de protection. Lui qui accusait déjà deux tours de retard a finalement été classé en 12e position.