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7 octobre: Le Français Jean-Pierre Jarier inscrit la pole position au premier GP du Canada à Montréal en 1978

7 octobre: Le Français Jean-Pierre Jarier inscrit la pole position au premier GP du Canada à Montréal en 1978

Mardi 7 octobre 2025 par René Fagnan
Crédit photo: Archives de la Ville de Montréal

Crédit photo: Archives de la Ville de Montréal

Un des pilotes les plus malchanceux de l’Histoire de la Formule 1, le Français Jean-Pierre Jarier, a signé la pole position lors du premier Grand Prix du Canada tenu à Montréal en octobre 1978.

Aux commandes d’une Lotus 79-Ford, Jarier s’était qualifié en première place devant Jody Scheckter sur une Wolf WR6-Ford, Gilles Villeneuve au volant de sa Ferrari 312 T3 et John Watson aux commandes d’une Brabham BT46A-Alfa Romeo.

Jarier, ancien champion de Formule 2, était alors âgé de 32 ans et n’avait jusqu’alors piloté que pour de petites écuries sans argent ou qui faisaient courir des voitures mal préparées : March, Shadow, Penske et ATS, sans grands succès à l’exception de deux pole positions acquises en 1975 avec l’écurie Shadow.

En 1978, Jarier dispute six Grands Prix de F1 avec ATS et court aussi en série Can-Am 5 litres au volant d’une Shadow DN10-Dodge. Il participe au Grand Prix de Trois-Rivières en Can-Am (où il abandonne encore une fois) puis reçoit un appel téléphonique de Colin Chapman du Team Lotus F1. Ronnie Peterson vient de perdre la vie dans le carambolage du départ du Grand Prix d’Italie et Chapman le réclame pour disputer les deux dernières courses de la saison, à Watkins Glen et à Montréal.

Lui, l’éternel malchanceux, se retrouve assis dans LA voiture de F1 la plus performante du moment : la Lotus 79-Ford. Après avoir effectué un court essai, Jarier participe au Grand Prix de États-Unis où il se qualifie huitième et donne tout un spectacle en course en remontant de la 21e à la troisième place après un arrêt aux puits à cause d’une crevaison. La malchance frappe encore Jarier qui abandonne à quatre boucles de l’arrivée à cause d’une panne d’essence…

Jarier arrive à Montréal sachant que sur ce circuit tout neuf, tout le monde a chance égale. Cependant, le Français souffre physiquement, car l’équipe ne lui a pas moulé un siège pour la course américaine et il s’est cassé une côte et les muscles de son dos sont extrêmement douloureux. Des injections calmantes parviennent à lui permettre de conduire la Lotus noire JPS No. 55 qui arbore le logo du magazine québécois “Rénovation bricolage”.

Le Team Lotus, une bonne écurie britannique selon Jarier

Vendredi 6 octobre, il fait frais et les averses se succèdent. Dans ces conditions mouillées, les Ferrari de Villeneuve et de Carlos Reutemann, se mettent en évidence grâce à la souplesse du moteur 12 cylindres et à l’efficacité des pneus pluie Michelin.

Samedi 7 octobre, la séance de qualification de l’après-midi va donc établir la grille de départ. Jarier, aidé par son ingénieur de piste Nigel Bennett, progresse durant la séance et parvient à signer un chrono de 1’38”015 à la vitesse moyenne de 165,281 km/h. Personne ne peut battre son temps et Jody Scheckter échoue par seulement 0”011 !

Colin Chapman n’en revient pas et lui donne une accolade bien sentie. « J’ai essayé de ne pas trop glisser en attaquant les chicanes. J’aime beaucoup de circuit ; il me plaît beaucoup » avait-t-il déclaré après son exploit. « Je sais que je peux réussir un meilleur chrono que celui réalisé aujourd’hui. Je suis même un peu surpris d'apprendre que j'ai réalisé la pole position, mais je ne nullement surpris du chrono que j'ai inscrit. Ma voiture était en excellente condition, efficace et la piste en excellent état ».

Il y a de cela quelques années, Jarier nous a confié comment il avait vécu son passage chez Lotus. « Dans cette équipe, mon coéquipier était Mario Andretti qui venait tout juste d’être sacré Champion du monde. Je savais parfaitement que j’étais le pilote No. 2 de l’équipe. J’ai effectué de bons essais, même si la voiture était lourde. Elle possédait de grandes qualités à haute vitesse, mais sur le circuit de Montréal, je l’ai trouvé un peu trop lourde. Elle était aussi un peu fragile. J’ai conduit une super voiture dans une super équipe dirigée par Colin Chapman ; un type vraiment exceptionnel avec qui les briefings techniques étaient de très bonne qualité. Le Team Lotus était une bonne écurie britannique » de dire Jarier.

En course, Jarier a dû abandonner après avoir mené la course pendant 50 tours. Son abandon a permis à Gilles Villeneuve de décrocher sa première victoire en F1. « Pour moi, c’est comme si j’avais gagné le Grand Prix, car j’ai réalisé la pole position, j’ai largué tout le monde en course et j’ai signé le tour le plus rapide. Il ne m’a manqué que la victoire… » de conclure Jarier qui fut, encore une fois, frappé par la malchance.