Jeune pilote un peu fou-fou à ses débuts, Jody Scheckter a causé l’un des plus gros carambolages à survenir durant un Grand Prix de Formule 1. Jody s’est assagit au cours des années suivantes et a décroché le titre de Champion du monde en 1979 alors qu’il était le coéquipier de Gilles Villeneuve chez Ferrari.

Fils d’un garagiste, le Sud-Africain, hyper agressif au volant, a été disqualifié pour sa conduite dangereuse lors de sa première course automobile ! Il émigre au Royaume-Uni en 1971 et obtient des succès en Formule Ford et en F3. Un an plus tard, Teddy Mayer de McLaren lui confie le volant d'une McLaren de Formule 2. Il effectue ses débuts en F1 lors du dernier Grand Prix de la saison 1972.

En 1973, il pilote à deux reprises une troisième McLaren F1 et démontre sa vitesse en se qualifiant troisième chez lui en Afrique du Sud et deuxième en France. Le 14 juillet, au Grand Prix de Grande-Bretagne à Silverstone, Jody est inscrit comme troisième pilote de l’écurie McLaren Yardley au volant d’une M23 aux côtés de Denny Hulme et de Peter Revson.

Scheckter, qui dispute son quatrième Grand Prix à vie se qualifie au sixième rang. C’est le Suédois Ronnie Peterson (Lotus-Ford) qui réalise la pole position devant Denny Hulme (McLaren-Ford), Peter Revson (McLaren-Ford), Jackie Stewart (Tyrrell-Ford), Emerson Fittipaldi (Lotus-Ford) et Scheckter.

Dimanche, le peloton effectue son tour de chauffe sous un ciel couvert et menaçant. Si Peterson prend un bon départ, ce n’est pas le cas de Revson et Hulme qui perdent des places. À la fin du premier tour, Stewart double Peterson. Les voitures négocient le dernier et rapide virage du circuit, Woodcote à près de 260 km/h.

Scheckter sent sa McLaren sous-virer et elle retrouve dans l’herbe à la sortie du virage. Il contrebraque et revient brusquement en piste, traverse celle-ci et percute le muret des puits de face. 

La McLaren arrache l’aileron arrière de la voiture de son coéquipier Revson. Mike Hailwood, sur une Surtees, ne peut éviter de percuter le bolide de Revson. S’en suit une pagaille pas possible avec des monoplaces qui se percutent et virevoltent dans tous les sens.

« Va vite te cacher! » lui hurle Phil Kerr

Pourtant, la course continue. Devant l’ampleur du désastre sur la ligne droite des puits, les officiels n’ont d’autre choix que de brandir le drapeau rouge lorsque les meneurs s’apprêtent à négocier le virage Woodcote. La piste est complétement obstruée de voitures amochées et de débris.

La poussière retombe et on constate que neuf voitures sont immobilisées : la March de Roger Williamson, la McLaren de Scheckter évidemment, les Surtees de Carlos Pace, Jochen Mass et de Hailwood, la Shadow de George Follmer, la Brabham d’Andrea de Adamich et la BRM de Jean-Pierre Beltoise.

Par miracle, aucune voiture n’a pris feu et seul un pilote, de Adamich, est blessé. L’Italien est coincé dans sa voiture et souffre de fractures au genou gauche et aux deux chevilles. Il faudra 50 minutes de travail aux secouristes pour l’extraire de sa voiture. De Adamich n’a pu se tenir debout durant les trois mois suivant l’accident, ce qui l’a forcé à mettre un terme à sa carrière.

Parlant au magazine Autosport, Jody Scheckter a expliqué que sa McLaren avait été chaussée de pneus tendres sauf à l’arrière gauche qui a eu droit à un pneu dur. Ceci a peut-être expliqué le comportement déroutant de sa voiture en arrivant à Woodcote.

« J’ai cru qu’en relâchant le frein, la voiture roulait en ligne droite dans le gazon, mais ce ne fut pas le cas je suis allé taper dans le mur » raconte-t-il. « J’ai sauté hors de ma voiture et j’ai demandé à reprendre la course avec le mulet. Phil Kerr, le responsable de l’équipe, a hurlé d’aller vite me cacher ! On m’a sévèrement engueulé [pour avoir provoqué le chaos] ».

Au terme de la course de 67 tours qui a finalement repris après une longue interruption, l’Américain Peter Revson a remporté la victoire, sa première en Formule 1.