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Insolite : La Kojima, monoplace de F1 japonaise apparue en 1976

Insolite : La Kojima, monoplace de F1 japonaise apparue en 1976

Jeudi 7 septembre 2023 par René Fagnan
Crédit photo: Wikimedia Commons

Crédit photo: Wikimedia Commons

Les années 70 ont été propices à la création de voitures de Formule 1 japonaises. Les industries du Japon désiraient démontrer leur savoir-faire au monde entier, soutenant des artisans qui voulaient monter en F1. Le Japon était alors à l’avant-garde des nouveaux gadgets électroniques et le sport automobile devenait de plus en plus populaire dans ce pays.

Presque simultanément, le Japon a produit deux monoplaces de F1, la Maki et la Kojima, à un moment où la F1 était dominée par Ferrari, évidemment, et par les écuries britanniques comme McLaren, Lotus et Tyrrell.

L’histoire de Kojima commence avec celle d’un pilote d’usine Suzuki de motocross des années 60, Matsuhisa Kojima, qui fait ensuite fortune dans le négoce des bananes. Eh oui.

À la tête d’une belle fortune, il cesse de courir, crée son écurie Kojima Engineering qui produit quelques petites monoplaces de formules de promotion. Puis. Kojima fait rouler des voitures, surtout des March, dans le championnat national de Formule 2.

Il lui vient ensuite l’idée de construire et de faire courir une voiture de F1 japonaise. Mais pour cela il lui faut un concepteur, et il débauche Masao Ono qui a travaillé sur la Maki F1, l’autre F1 japonaise.

Cette première Kojima, la KE007, est ultra traditionnelle ; un “kit car” comme les Anglais savent si bien en faire. Le moteur est donc un Ford Cosworth DFV V8 de trois litres qui est accouplé à une boîte de vitesses Hewland FGA 400 à cinq rapports.

Le châssis est aussi du grand classique avec des panneaux d’aluminium rivetés et renforcis par des couples transversaux. La suspension avant est flottante, mais conventionnelle à l’arrière, toutes deux actionnant des amortisseurs japonais de la marque Kayaba. Les radiateurs d’eau sont incorporés dans les pontons et les refroidisseurs d’huile sont logés sous l’aileron arrière. Les disques et les étriers de freins sont fournis par Lockheed.

La carrosserie est fabriquée de panneaux de fibre de verre renforcis avec de la fibre de carbone. Les flancs du cockpit sont très larges, car ils logent des prises d’air et des tunnels servant à alimenter le moteur Cosworth en air frais. Usant ses contacts, Kojima parvient à intéresser Dunlop à lui fabriquer des pneus lisses de type F1.

Une première course disputée sous le déluge

C’est aussi un pilote japonais, Masahiro Hasemi, qui effectue les premiers essais. C’est lui qui est au volant de la KE007 lors du Grand Prix du Japon 1976 le 24 octobre sur le circuit de Fuji. C’est lors de cette course tenue sous un déluge que James Hunt et Niki Lauda se sont affrontés pour l’obtention du titre mondial.

Hasemi, qui pourrait rouler sur le circuit de Fuji les yeux fermés tant il le connaît, signe le quatrième meilleur temps lors de la première séance de qualification, mais endommage sérieusement la Kojima dans la seconde lors d’un accident survenu à 250 km/h. La monoplace est réparée à temps grâce à 40 heures d’un travail acharné des mécanos de l’équipe aidés par des locaux.

Hasemi se qualifie en 10e place à seulement 1”1 de la pole position obtenue par Mario Andretti sur sa Lotus, ce qui démontre la qualité des pneus Dunlop. En course, sous la pluie, quelques ennuis de pneus et une fuite d’essence ralentissent la Kojima, réparée à la va-vite, qui croise l’arrivée en 11e position sur 26.

Au cours des mois qui suivent, Kojima corrige certains défauts de son bolide et fait fabriquer deux exemplaires de cette nouvelle KE009. Les pneus Dunlop sont remplacés par des Bridgestone qui sont un peu moins efficaces.

Ces deux KE009 sont inscrite au Grand Prix du Japon présenté le 23 octobre 1977 encore une fois sur le tracé de Fuji. Un pilote relativement inconnu, Noritake Takahara, est aux commandes de la KE009 No. 51 de l’écurie Kojima Engineering tandis que la No. 52 de l’équipe Heros Racing Corporation est confiée à Kazuyoshi Hoshino.

Takahara se qualifie en 19e place sur 23, mais est forcé à l’abandon dès le premier tour de la course, conséquence d’un accrochage avec la Surtees de Hans Binder. Hoshino a qualifié l’autre Kojima en 11e place, à 1”32 de la pole position de Mario Andretti. Il termine au 11e rang, à deux tours du vainqueur, James Hunt sur une McLaren-Ford.

Les Kojima n’ont plus jamais été vues en Grand Prix. Monsieur Kojima a ensuite fabriqué des voitures de Formule 2 en 1978 et 1979, mais ses créations n’ont pas décroché de grands résultats.