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Historique : La création du complexe de sport automobile de Sanair

Historique : La création du complexe de sport automobile de Sanair

Lundi 26 avril 2021 par René Fagnan
Crédit photo: Sanair

Crédit photo: Sanair

Au cours des années 1960, le Québec regorge de petits ovales de stock-car disséminées un peu partout dans la province. Les courses de drag deviennent aussi plus populaires avec des pistes d’accélération comme celles de Napierville, Mascouche et Pont-Rouge, par exemple.

À ce moment, Jacques Guertin est un homme d’affaires de la région de St-Pie-de-Bagot. « J’étais amateur d’automobiles et j’aimais bien les courses présentées sur des circuits routiers. J’ai d’ailleurs suivi mon cours de pilotage à Granby » nous a expliqué Guertin. « Je possédais plusieurs entreprises à cette époque, et il me fallait des bâtiments. J’ai donc acheté des terrains à St-Pie pour les y installer. Ma plus grosse compagnie fabriquait des purificateurs d’air. Le nom "Sanair" provient justement du mot latin "sane" qui signifie pur, et du mot "air". Je pilotais aussi un avion et j’ai fait aménager une piste d’atterrissage sur mon terrain afin de faciliter mes déplacements.»

Un jour, Guertin et un de ses bons amis, lui aussi passionné d’automobiles, rêvent un peu. « On a vu grand. On s’est dit que nous allions construire la plus grosse et la plus moderne piste de drag au Canada » poursuit Guertin. « Nous ne visions rien de moins que de présenter un gros événement de la NHRA (l’organisme qui sanctionne le drag aux États-Unis). Nous sommes allés rencontrer le patron de la NHRA à Las Vegas. Au terme d’une soirée bien arrosée et contre toute attente, notre projet a été accepté ! » 

C’est en septembre 1969 que Guertin présente son projet d’un complexe de sports motorisés appelé Sanair International. Son plan consiste à construire une piste d’accélération moderne longue d’un quart de mille. Les travaux sont entrepris, avant d’être perturbés par une grève dans le milieu de la construction ce qui retarde, entre autres, le montage des gradins des spectateurs.

Cette piste d’accélération ouvre finalement le 21 juin 1970 et attire immédiatement les amateurs de drag de la région. Un an plus tard, la puissante NHRA effectue son premier déplacement à Sanair lors de la présentation du fameux Grand National Molson.  

Après le drag, le stock-car et le circuit routier

C’est en 1971 que Guertin complète les travaux de son plan original en faisant aménager un petit ovale de stock-car d’un tiers de mille et un circuit routier de 2,01 km et qui emprunte, en partie, la piste de drag et l’ovale aux virages plats.

En mai 1972, les amateurs assistent à l’ouverture du circuit routier avec la présentation d’une course du Championnat de Formule Ford 1600 du Québec. Bill Alsup de Woodstock au Vermont remportée la victoire. Jean-Pierre St-Jacques, le concepteur de la Magnum de Formule Ford que Gilles Villeneuve pilotera un an plus tard, termine au quatrième rang. À la même époque, le circuit routier du Mont-Tremblant à St-Jovite dans les Laurentides rencontre des ennuis financiers et politiques, ce qui profite à Sanair.

La série Trans-Am y présente une course en 1972 (remportée par Warren Tope sur une Mustang) et une autre en 1973 (gagnée par Warren Agor sur une Camaro).  Les monoplaces de Formule B/Atlantique roulent aussi à Sanair en 1972 (victoires de Brian Robertson en mai, d’Ian Coristine en juin et de Bill Brack en octobre), en 1973 (gain de Roy Folland), et en 1974 (nouvelle victoire pour Bill Brack).

Du même coup, le petit ovale, appelé Sanair International Raceway, présente des manches du Championnat national NASCAR de Sportsman Late Model ainsi que des catégories locales de stock-car. L’ovale présente même une course de la série Honda "Le volant québécois" en mai 1976, remportée par Jacques Bienvenue.

Les courses d’accélération sont toujours extrêmement populaires et attirent des milliers d’amateurs et leurs bolides. Le Grand National Molson, sanctionné par la NHRA, met en vedette les grands noms américains tels Joe Amato, Don Garlits, Kenny Bernstein, Shirley Muldowney, Bob Glidden et Don “The Snake” Prudhomme.

« Malheureusement, le gouvernement du Canada a imposé l’utilisation d’essence sans plomb au pays, même pour les voitures de course » poursuit Guertin. « Nous avons dû cesser la présentation d’événements de la NHRA. Plus tard, une étude a démontré que tout le week-end du Grand National ne générait pas plus de pollution que cinq secondes de trafic sur l’autoroute Métropolitaine à l’heure de pointe. Par malheur, NHRA avait déplacé notre course à Topeka et il était beaucoup trop difficile de repartir la machine après un arrêt...»

Bien conscient que l’ovale d’un tiers de mille aux virages plats n’était pas vraiment adapté à recevoir des voitures très puissantes et rapides, Guertin a ensuite fait construire, tout près du complexe existant, un triovale en asphalte de 1,33 km (0,826 mille) aux courbes inclinées. Ce circuit, le Sanair Super Speedway, a été inauguré au début des années 80 et a présenté des événements des séries ACT, ASA, CASCAR, NASCAR North Tour, IndyCar et plus. Il sert encore aujourd'hui de base à l’école de pilotage de Jean-Paul Cabana.