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Yves Barbe : Bilan de son Rallye Baie-des-Chaleurs, après une absence de 15 ans de la compétition !

Yves Barbe : Bilan de son Rallye Baie-des-Chaleurs, après une absence de 15 ans de la compétition !

Vendredi 5 juillet 2019 par Philippe Brasseur
Crédit photo: Danny Bujold

Crédit photo: Danny Bujold

Le pilote lavallois Yves Barbe était de retour à la compétition, après une absence de 15 ans, lors du Rallye Baie-des-Chaleurs, le week-end dernier. Co-piloté par le Rimouskois Ian Guité et aux commandes d’une Subaru WRX STI de l’équipe Solugaz-Test Racing, il a fini au 15ème rang toutes-catégories, le 12ème des concurrents disputant le Championnat canadien, en plus d’être classé 9ème au championnat de l’Est canadien (CREC) et 6ème au championnat du Québec (RSQ). Comment a-t-il vécu cet événement ? Il nous en parle dans cette entrevue qu’il nous a donné aujourd’hui…

Yves, tout d’abord, effectuer un retour à la compétition à 66 ans est rarissime. Comment t’étais-tu préparé pour cet événement ?

Je m’étais très bien préparé pour mon retour à la compétition. Entrainement intensif, surtout pour le cardio. Deux mois avant le rallye, je mettais les bouchées doubles pour me remettre en forme. J’ai perdu 15 lbs. Ensuite, j’ai écouté des vidéos pour me familiariser avec les notes. Ça avait l’air assez simple et semblable à ce que j’avais connu vers la fin des années 2000 au Rallye de Charlevoix et à celui de Québec. Donc, dans ma tête, je devais bien y arriver.

As-tu été surpris de l’accueil que tu as reçu en arrivant à New Richmond ?

C’était l’euphorie ! Les gens m’accueillaient comme si j’étais un des leurs. Entrevue radiophonique, poignées de main, encouragements. J’étais sur mon nuage. Je me disais : je dois livrer la marchandise maintenant, je n’ai pas le droit de les décevoir. Nous voilà donc au shakedown pour la première prise en main de la Subaru de l’équipe Solugaz-Test Racing. Dès le départ, je constate la puissance au bout de mon pied droit. J’arrive trop vite à la première courbe. Un bon coup de frein en faisant déporté l’arrière et un coup d’accélérateur et c’est reparti. Ouf, elle a vraiment de la reprise. Je la trouve brutale et instable, mais c’est mon pilotage agressif qui est en cause. Je ne sais pas maîtriser la bête. Elle a plus de potentiel, que ce dont a quoi j’étais habitué. Mais très vite, je sens que je vais m’y plaire. Après 5 essais, je croyais bien pouvoir m’habituer.

Tu étais Top 20 durant les premières spéciales. On se doute que ça ne devait pas être conforme à tes objectifs…

La route était très glissante lors de la 1ère spéciale, avec beaucoup de boue par endroits. Je me méfiais et j’y suis allé selon mon feeling. Ça a tenu jusqu’à la fin avec un temps acceptable, même si Wim Van der Poel, le meneur en classe 2 roues motrices, était arrivé avant que nous soyons partis de la zone de contrôle de fin. Je savais donc que j’avais concédé du temps. Puis, vint la 2ème spéciale. Lors des reconnaissances, je m’étais dit : ça c’est une spéciale comme je les aime. Je devrais faire un bon temps. Derrière moi, Sébastien Clark. Je prends le départ, confiant, et je pousse la voiture. Les notes rentrent et j’ai l’impression d’aller suffisamment vite. Un petit regard du coin de l’œil dans le rétroviseur, j’aperçois Sébastien Clark pas trop loin. Je ne peux y croire ! Nous n’avons même pas le tiers de la spéciale de fait ! Je me tasse et le laisse passer. Rendu à la moitié de la spéciale, même chose, Van der Poel arrive derrière moi. Même scénario : je le laisse passer. Là, j’avais le moral dans les talons. Je me posais pleins de questions et je n’entendais plus les notes que Ian m’annonçait. Je roulais à a vue, en espérant que ça finisse.

Le reste du rallye s’est tout de même mieux passé pour toi et ton co-pilote…

Après les deux premières spéciales, je n’étais tout simplement "plus dans la game", comme on dit ! Mais j’ai repris mes esprits et je me suis dit qu’il fallait continuer et tenter de m’améliorer. J’ai fait de mon mieux, mais une crevaison un peu plus tard nous a coûté 12 minutes au total. Pas besoin de dire que j’étais découragé. Bon, je me suis dit que j’allais finir cette journée de samedi et raccrocher mon casque. Anéanti, j’étais !

Tu as alors reçu une aide plutôt étonnante, celle d’un adversaire…

En effet, au départ de la dernière spéciale de la journée, Wim Van der Poel est venu me voir pour s’enquérir de mon état. Après une brève description de mes états d’âme, il m’a remis à ma place, en me disant de faire mon rallye, et de ne pas m’occuper des autres. « Fais de ton mieux et ça va revenir ». Je l’ai écouté et c’est dans cette optique que j’ai décidé de repartir le dimanche matin pour la deuxième étape. Je me suis dit; on ramène la voiture à la fin du rallye et on s’amuse sans pression. Et ce fut la bonne solution, tout a été mieux par la suite.

Au terme de cet événement, quel bilan dresses-tu ?

La compétition est rendue très vive. Les notes descriptives font foi de tout et la prise de notes en reconnaissances, avec son langage spécifique durant l’épreuve, sont primordiales. Et ça prend une chimie parfaite entre équipiers pour que ça fonctionne ! Je dois davantage comprendre les nouveaux règlements concernant le super rallye et le fait de pouvoir repartir après un abandon. Ça n’existait pas il y a 15 ans et pour moi, ce n’est pas logique. Tu peux sortir de route, ne pas finir une spéciale, ne pas prendre le départ de la suivante et revenir pour les autres avec une simple pénalité de temps. Donc, tu ne fais pas tout le kilométrage de l’épreuve de classement et tu peux continuer. Et tout ça te permet de devancer des compétiteurs qui eux, font toute la distance à parcourir sans erreur de pilotage. Je n’apprécie pas vraiment cette règle. À part ça, je suis content de mon retour. Mon coup de volant est toujours là et mes réflexes sont aussi bons. J’ai appris à connaître la voiture, même si je n’ai pas atteint ses pleines capacités. J’ai fait le bon choix en m’associant à Test Racing, une équipe formidable, bien rôdée et professionnelle. Ian a fait une bonne job comme co-pilote. C’est moi, qui doit me familiariser avec le système des notes. On ne peut pas perdre le fil une seule seconde. C’est la différence entre avancer rapidement ou végéter dans les méandres des hésitations. Mais honnêtement, la compétition me manquait ! L’adrénaline, la camaraderie, les sensations fortes et la frénésie aussi. Ce n’était pas mon dernier rallye !


** Bilan complet du Rallye Baie-des-Chaleurs 2019 dans la prochaine édition du magazine Pole-Position (parution le 16 juillet). Voyez aussi la galerie photos de Danny Bujold dès à présent sur ce site…