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Insolite : La Lion, voiture britannique de Formule 1 résolument révolutionnaire !

Insolite : La Lion, voiture britannique de Formule 1 résolument révolutionnaire !

Jeudi 7 décembre 2023 par René Fagnan
Crédit photo: Archives David Cox

Crédit photo: Archives David Cox

La Lion est le concept d’une monoplace de Formule 1 munie de 12 roues et propulsée par une turbine. Un truc complètement insensé ? Un poisson d'avril ? Pas du tout, car conçue par un personnage incroyablement talentueux, David Cox.

Né le 31 mai 1942 à Aylesbury dans le Buckinghamshire, David Cox est un autodidacte qui a fréquenté plusieurs écoles, mais qui n’a en fait jamais obtenu un diplôme d’ingénieur !

Cox travaille surtout sur les moteurs de voitures avant d’être recruté par l’ancien pilote Paul Emery qui a couru en Grand Prix en 1958. Cox a bien failli être engagé par Frank Williams en 1970, mais est allé travailler chez un constructeur d’avions.

C’est à ce moment qu’il est mis au courant de la conception de la Brabham BT46 dotée de radiateurs de surface. À partir de photographies de la voiture, Cox effectue ses estimations et contacte Gordon Murray chez Brabham - qu’il ne connait pas du tout - pour lui signifier que son système n’assurera jamais plus de 30% du refroidissement requis par le moteur Alfa Romeo V12. Cox avait raison.

À la suite de cela, Cox est engagé chez Brabham à titre de consultant et c’est lui qui effectue tous les calculs et dessins du mécanisme d’aspiration par ventilateur de la fameuse BT46B, victorieuse du Grand Prix de Suède en 1978 avec Niki Lauda.

Devenu pigiste en 1981, Cox soumet l’idée à l’écurie McLaren de tester une transmission CVT sur une monoplace de F1, mais Ron Dennis s’y oppose, car il juge le projet trop coûteux. C’est à ce moment que Cox commence à travailler sur un bolide de F1 carrément révolutionnaire.

Des pneus de F3 et une turbine

Pourquoi Cox désire-t-il faire rouler sa voiture sur 12 pneus étroits ? Car selon ses calculs, le coefficient de traînée chuterait de 0,8 à 0,65. De plus, la vitesse terminale de la voiture passerait de 281 à 328 km/h pour une puissance inchangée. La Lion serait aussi plus étroite tout en offrant une meilleure protection latérale, et elle serait beaucoup plus rapide que les bolides traditionnels sous la pluie.

Les pneus seraient ceux utilisés en Formule 3, ce qui permettait de réduire la surface avant de la voiture de 23%, résultant en une adhérence accrue. Dix des 12 roues seraient directionnelles, et chaque roue posséderait sa transmission hydrostatique connectée à la turbine et serait reliée à une suspension à air contrôlée par électronique.

La voiture devait être propulsée par une turbine d’hélicoptère de type 250-C28B fournie par Hants & Sussex capable de produire 650 chevaux. La turbine était plus légère de 77 kilos que le V8 Ford Cosworth DFV de l’époque tout en nécessitant la même quantité de carburant.

Toutefois, le turbine devait brûler du kérosène qui est plus lourd de 11% au litre que l’essence. Cox avait résolu le problème du temps de réponse trop long de la turbine en récupérant de l’énergie rotative qui serait alors rendue disponible lors des relances. Cox affirmait aussi que sa Lion exploiterait l’effet de sol afin d’être solidement plaquée au sol.

Le cockpit de la bête est encore plus intriguant. Le pilote serait assis à bord avec les jambes posées de chaque côté de la monocoque. Il n’y aurait pas de pédales. L’accélération et le freinage seraient commandés par les déplacements du volant. En tirant le volant vers soi de 25mm, la voiture se mettrait à avancer. Pour freiner, il suffirait de pousser le volant de 25mm vers l’avant. La force appliquée au volant déterminerait la puissance à appliquer au système de freinage qui attendrait, semble-t-il, une pression interne de 21 000 psi et générerait une décélération de 2,2 g.

Cox avait aussi songé à une surface de carrosserie incorporant une sorte d’écran à cristaux liquides. Ainsi, le nom et le logo des commanditaires pourraient changer plusieurs fois par tour.

Dans ses documents, rendus publics par sa fille Diana, Cox avait aussi passé beaucoup de temps à structurer une écurie de F1 pour faire courir sa Lion. Il avait calculé les coûts de fabrication des voitures et les déplacements, les pièces de rechange, les turbines, les pneus etc. Son écurie aurait compté une vingtaine de personnes et son budget était estimé à 713 000 livres sterling.

Côté pilotes, Cox avait songé à Niki Lauda et à Derek Warwick. Un ami à lui aurait passé pas mal de temps à tenter de trouver du financement et des commanditaires, sans succès.

Sans argent et devant la réticence montrée par la FIA à cette voiture extravagante, le projet a finalement été abandonné. Toutefois, la documentation sérieuse sur cette voiture montre que Cox n’était vraiment pas un illuminé comme on peut être porté à le croire, mais un concepteur de grand talent et peut-être même une sorte de visionnaire.

L'image ci-dessus est un dessin qui provient des archives de David Cox rendus publics par sa fille Diana.