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15 février : Dale Earnhardt réalise son rêve en gagnant enfin le Daytona 500

15 février : Dale Earnhardt réalise son rêve en gagnant enfin le Daytona 500

Lundi 15 février 2021 par René Fagnan
Crédit photo: NASCAR

Crédit photo: NASCAR

Le ciel est nuageux et il fait assez frais sur la côte est de la Floride en ce mi-février 1998. Une voiture noire arborant le numéro 3 va franchir la ligne d’arrivée de la plus importante course de stock-car en première place. C’est fait ! Après ses dizaines de victoires et ses sept titres en NASCAR Cup, Dale Earnhardt gagne enfin le Daytona 500.

J’ai eu la chance et l’honneur d’y assister. Jamais je n’aurais cru un seul instant que j’allais vivre un des plus grands moments du stock-car américain. Qu’on l’aimât ou pas, Dale Earnhardt père, surnommé "The Intimidator" par ses rivaux à cause de ses manœuvres discutables en piste, était véritablement and incontestablement Monsieur Stock-Car aux États-Unis. Par contre, il lui manquait toujours un trophée, un succès, un dernier clou à enfoncer : celui d’une victoire au Daytona 500, le joyau de la couronne.

Même si des centaines de milliers de fans ne l’appréciaient pas, tous voulaient quand même voir Dale gagner cette course, car la victoire lui était injustement passée sous le nez trop souvent à cause de stupidités comme des pannes d’essence, des pneus coupés ou des écrous de roues manquants.

Présentée le 15 février, la 40e édition du Daytona 500 était la manche d’ouverture de la saison 1998 et était régie par le règlement des brides d’air (restrictor plates) destiné à ralentir les bolides sur les superspeedways. Bobby Labonte avait décroché la pole position à la vitesse de 192,415 m/h. Son frère Terry l’accompagnait sur la première ligne de départ. En gagnant le premier Gatorade Twin 125, Sterling Marlin occupait la troisième place au départ tandis que Earnhardt, vainqueur de l’autre Duel, allait démarrer quatrième.

Earnhardt était sous pression. Il n’avait jamais remporté le Daytona 500 en 19 tentatives et n’avait pas décroché de victoire en NASCAR Cup depuis celle acquise à Atlanta en 1996. Une longue disette qui avait duré 59 courses.

Jour de rédemption

Les célébrations d’avant-course se déroulent de façon militaire et les organisateurs commémorent aussi le 50e anniversaire de la création de l’organisme NASCAR qui gère le stock-car en Amérique du Nord. Une fois l’hymne national chanté, et les parades, présentations de pilotes et prières complétées, nous allons enfin assister au départ de cette course mythique. Assis tout en haut des gigantesques gradins situés dans le virage 1, les voitures qui roulent sur la piste sont ridiculement petites, au point qu’il est presque difficile de les identifier à l’œil nu.

Aux commandes de sa Chevrolet GM Goodwrench Service Plus No.3 qui marche super bien, Earnhardt domine ce Daytona 500. Il mène la course à cinq reprises pour un total de 107 tours sur 200. C’est au 140e tour qu’il double son coéquipier Mike Skinner pour prendre la commande pour de bon.

La deuxième neutralisation de cette course qui n’en a connu que trois survient au 174e passage. Earnhardt et toute la meute entrent aux puits. Ce sera le dernier arrêt et tous ne prennent que deux pneus neufs du côté droit. Earnhardt reprend la piste devant Skinner, Jeremy Mayfield, Rusty Wallace et Jeff Gordon, le vainqueur du Daytona 500 l’année précédente. Une véritable menace.

Le vert est agité avec 12 tours à parcourir. Earnhardt et Skinner travaillent ensemble pour se sauver des Ford de l’écurie Penske. Mais soudain, Skinner perd l’aspiration des meneurs, ce qui permet aux deux Ford de se coller au pare-chocs arrière de la Chevrolet d’Earnhardt.

Au 194e tour, Gordon, en feu, parvient à s’infiltrer entre les deux Ford. Mais trois tours plus tard, Wallace double Gordon et reprend sa place. Puis, Bobby Labonte, revenu de l’arrière, parvient à doubler Mayfield pour la seconde place. Quant à Gordon, un cylindre de son V8 cesse de fonctionner, ce qui lui fait perdre plusieurs places.

Au 198e tour, un accrochage survient dans le peloton, loin derrière les meneurs. Il ne reste qu’un peu plus d’un mille à parcourir afin de croiser l’arrivée où les positions seront figées à cause du drapeau jaune. Earnhardt profite de l’aspiration du bolide d’un retardataire et s’en sert pour bloquer Labonte et Wallace qui se battent férocement à coups de portières. Le peloton croise la ligne d’arrivée sous le jaune. Il reste une dernière boucle à parcourir, sous les jaunes, mais Earnhardt décide de rouler à bonne vitesse pour en finir le plus vite possible !

Il croise finalement l’arrivée en première place et la foule gigantesque se lève d’un coup, et crie sa joie de voir Dale mettre un terme à autant de frustration. Une fois son tour d’honneur compété, il va effectuer des tête-à-queue magistraux sur la zone gazonnée située devant les puits où est peint en lettres énormes "Daytona 500". Puis, fait vraiment inhabituel, tous les équipiers, pilotes, mécanos et officiels lui font une haie d’honneur dans les puits pour le féliciter. Tous désirent lui serrer la main ou taper sur le capot de sa Chevrolet.

Earnhardt, homme très calme et réservé, s’extrait de son bolide et grimpe sur le toit pour célébrer sa victoire. « Oui ! Oui ! Ça m’a pris vingt ans ! Pouvez-vous le croire ? » s’exclame-t-il en entrevue, libéré d’un poids, remis d’une sorte d’injustice, car comment se faisait-il que l’homme aux sept titres n’ait jamais gagné le Daytona 500 ? Il sourit. C’est désormais chose faite.