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Les réseaux sociaux et les sites web devraient-ils modifier l'issue d'une course ?

Les réseaux sociaux et les sites web devraient-ils modifier l'issue d'une course ?

Lundi 12 février 2018 par Eliane Gilain
Crédit photo: FIA Formule E

Crédit photo: FIA Formule E

Daniel Abt, pilote de Formule E pour l’équipe Audi Sport ABT Schaeffler, a dénoncé récemment les tricheries qui existeraient avec le FanBoost utilisé dans la série. Cette initiative prise pour faire participer le public à la course permet aux trois pilotes les plus populaires, selon un vote sur le site web de la série peu avant la course, de bénéficier d'un surplus de puissance de  190Kw à 200kW pour une période de 5 secondes. Cela facilite bien entendu les dépassements en fin de course et, dans certains cas, a même décidé de la victoire en Formule E.

Abt, qui avait été disqualifié lors de la deuxième manche de la saison à Hong Kong pour un code barre mal positionné sur sa voiture, dénonce de la triche reliée à ce système révolutionnaire de FanBoost. En effet, il prétend que des pilotes ont recours à des robots ou bien achètent des votes qui proviennent tous des même 12 villes chinoises !

Alejandro Agag, promoteur de la série, a évidemment défendu le FanBoost en expliquant que, depuis le début de la série, les organisateurs s’engagent à améliorer le système de vote. Il a aussi lancé une pique subtile à Abt en précisant que ce sont souvent les pilotes qui sont susceptibles d’accéder au podium qui reçoivent les votes...

La Formule E tente de révolutionner le monde de la course en amenant des voitures électriques à un niveau de compétition élevé, soit. Tant mieux si une série de plus voit le jour, et réussit. Par contre, depuis le tout début, le principe du FanBoost pose une question : est-ce au public de décider quel public doit être favorisé durant une course ? Pourquoi faire participer monsieur madame tout le monde qui ne comprend peut-être pas les enjeux et ce qui se passe en piste ? Pourquoi ne pouvons-non pas laisser les pilotes et leurs équipes se battre entre eux sans artifices venus de l'extérieur ? C'est comme si on décidait qu'au hockey une équipe qui est populaire a le droit de jouer avec un joueur de plus pendant 5 minutes à la fin d'une rencontre. Est-ce logique ?

Imaginez aussi si cette option était disponible en F1 ou dans d'autres championnats à la crédibilité établie depuis des décennies ? En Formule 1, les écuries crieraient au scandale et se mettrait derrière Ferrari en menaçant de quitter la série.

Nous ne nions pas l’importance des réseaux sociaux dans la course automobile, c’est la voie de l’avenir pour communiquer et publiciser. Plus de séries devraient d'ailleurs prendre exemple sur l’IMSA qui diffuse toute ses courses en direct et gratuitement sur son site IMSA.tv, permettant ainsi aux fans à travers le monde de découvrir ses compétitions.

Cette nouvelle est un texte d'opinion et je pose la question : Faire participer le public est l'avenir mais cela doit-il se faire au point d'intervenir dans les résultats sportifs ? Cela ne me semble pas sain. À mon humble avis, le sport automobile doit tout de même rester une compétition entre les pilotes, les équipes, les marques. Le monde extérieur devrait être présent en masse pour apprécier ce spectacle, mais il ne devrait pas avoir à décider comment une course se termine.

Je comprends le marketing derrière l’idée du FanBoost. Cela génère une attraction sur le site web et les réseaux sociaux de la série. Cela met du piquant à des courses qui peuvent parfois être ennuyeuses, et parallèlement cela force les pilotes à parler de la Formule E sur leurs réseaux sociaux. Mais à quel prix !

Le monde du sport automobile change. Quand des pilotes pourraient éventuellement tricher grâce à internet et que certaines séries (le Championnat du monde d'Endurance, pour ne pas le nommer) déplacent la date d'événements pour un seul pilote (Fernando Alonso, qui pourra disputer les 6 Heures de Fuji en octobre, la date initiale tombant en même temps que le GP des États-Unis de F1), nous sommes rendu dans une ère dangereuse pour la crédibilité de notre sport, le marketing l'entourant devenant, dans certaines séries, plus important que la discipline elle-même.