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DTM : Des GTE comme plan B si la collaboration avec le Super GT japonais échoue ?

DTM : Des GTE comme plan B si la collaboration avec le Super GT japonais échoue ?

Mercredi 7 février 2018 par Philippe Brasseur
Crédit photo: Didier Schraenen

Crédit photo: Didier Schraenen

« Tu veux parler du DTM des saisons 2018 et 2019 ou du futur GTM ? » La réflexion de notre contact chez Audi Sport est directe, bien que dite davantage sur le ton de la plaisanterie. Pour l'instant du moins...

Résumons le tout : la série DTM va présenter la saison 2018 avec les trois mêmes manufacturiers que par le passé, soit Audi, BMW (où le Québécois Bruno Spengler sera encore présent) et Mercedes, avec chacun 6 pilotes. Le retrait de Mercedes à la fin de cette année devrait laisser Audi et BMW se battre seuls l'an prochain. Mais comme personne ne veut voir un championnat avec seulement 12 voitures en piste, les deux constructeurs pourraient faire rouler des châssis 2017 ou 2018 sous forme de "classe B" et ainsi inscrire 8 ou 9 voitures au total.

Cela, c'est pour le court terme. À compter de la saison 2020, deux hypothèses sont sur la table. L'une, très médiatisée depuis l'automne dernier, prévoit amener deux ou trois manufacturiers japonais en harmonisant les règles du DTM avec le Super GT du Japon. En Allemagne, on veut croire dur comme fer que ce projet fonctionnera, mais les choses sont moins simples en Asie.

Pour Toyota, qui engagerait alors la marque Lexus, il faudrait que les filiales européennes s'impliquent fortement au niveau budgétaire car il est exclu que d'autres régions du monde, et surtout pas l'Amérique du Nord où les budgets de sport automobile sont strictement concentrés aux États-Unis et vont aux séries NASCAR (avec quelques miettes restantes pour l'Endurance), soient concernées. Problème : Toyota Europe soutient déjà beaucoup le programme WRC (Championnat du monde des rallyes). Difficile donc d'imaginer en faire plus en s'impliquant en DTM.

Le cas de Nissan est un peu différent mais on revient au même constat final : la marque utilise le modèle GTR en Super GT japonais... qui n'est pas une voiture de tourisme mais une véritable, belle et pure Grand Tourisme. Techniquement, faire d'une GTR une voiture de DTM ne poserait aucun problème mais commercialement, le marché de ce modèle est trop limité pour justifier un important montant d'argent pour participer à la série. Imaginer la marque en DTM pourrait passer par l'implantation de la mécanique de la GTR dans une carrosserie spécifique et portant le nom d'un modèle Renault ou Mitsubishi, mais on entre là dans le domaine de la pure spéculation, d'autant que le règlement actuel ne permet pas ce type de tour de "passe-passe".

Reste le cas de Honda. Sa situation est à la fois proche de Toyota, en matière de budgets déjà dépensés dans d'autres séries, et de Nissan, car si l'Acura NSX porte le nom de Honda en Europe, elle est, comme la GTR, une vraie Grand Tourisme. De plus, on a clairement vu lors de la finale de la saison 2017 à Hockenheim que Honda était le moins intéressé des trois manufacturiers japonais par l'idée de cette union avec le DTM.

Nous ne sommes pas en train de dire que le mariage DTM-Super GT Japon ne se fera pas, mais il est clair aujourd'hui qu'il est beaucoup plus complexe à mettre en place que ce que Gerhard Berger (l'ancien pilote de F1, directeur de la série DTM) et ses troupes avaient espéré.

C'est face à ce constat qu'a pris naissance un plan B : prendre en DTM le règlement des voitures d'Endurance homologuées GTE. En d'autres termes, les Corvette C7 R, Ford GT, Aston Martin Vantage, Porsche 911 RSR, BMW M8 et autres Ferrari 488 GTE que l'on voit en WEC, en IMSA classe GT Le Mans et aux 24 Heures du Mans ! D'où l'appellation GTM lancée à la blague par des membres d'équipes ces derniers temps.

L'avantage de la réglementation GTE est qu'elle permettrait la venue de nombreuses équipes, inscrites par les manufacturiers ou des équipes privées, mais elle a aussi de nombreux inconvénients, dont le coût très élevé de fabrication et d'engagement des voitures. Un autre est la présence d'Audi. Manufacturier "historique" du DTM, la marque bavaroise ne possède présentement pas de GTE. Les Audi R8 LMS sont des GT3 ou des GT4. À l'heure où le groupe VAG (VW-Audi) a coupé partout et a de grands rêves en Formule E, difficile d'imaginer que des budgets importants iraient à la conception d'une GTE, même si cette catégorie avaient été envisagée, pour rouler en IMSA, avant l'épisode du scandale des moteurs diesel il y a deux ans.

Avec un tel règlement, il serait aussi difficile pour le DTM d'éviter d'apparaître comme un sous-produit de l'Endurance, ce qui n'est pas du tout la vocation de la série depuis sa création en 1984. Le public allemand, la base de ses fans, aime voir des courses de voitures de tourisme, sinon il ira aux 24 Heures du Nürburgring ou de Spa voir tourner des GT !

À ce stade-ci, l'avenir de la série DTM n'est toutefois pas encore compromis. Il semble y avoir une réelle volonté de ses dirigeants de faire vivre la série. Une troisième piste pourraient même être envisagée : que Mercedes ne quitte pas à la fin de cette année, comme annoncé... En fait ne quitte pas totalement, en confiant à une ou des équipes privées le soin d'engager ses AMG C63. Cela permettrait de gagner du temps avant d'espérer convaincre de nouveaux manufacturiers, qu'ils viennent du Japon ou d'ailleurs, de rejoindre la série dans les années 2020.